Radicalisation : "On n'a plus besoin de partir en Syrie ou en Irak pour devenir dangereux"

Hugues Moutouh 1280 2:36
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Pour Hugues Moutouh, préfet et spécialiste des questions de sécurité, la principale menace terroriste en France ne vient plus de l'extérieur, mais de l'intérieur du pays, avec des phénomènes de radicalisation in situ.
INTERVIEW

Aucun signe de passage à l'acte n'avait été détecté. Radouane Lakdim, l'auteur de l'attaque terroriste qui a fait quatre morts à Trèbes vendredi, était fiché S depuis 2014, et avait été suivi en 2016 et en 2017. "Depuis quelques années, il y a eu une évolution majeure, les radicalisations ne sont plus ce qu'elles étaient. Aujourd'hui, on se radicalise en quelques semaines, via des sites internet, quand auparavant c'était une doctrine religieuse qui prenait plusieurs mois, plusieurs années", relève lundi au micro d'Europe 1 Bonjour Hugues Moutouh, préfet et spécialiste des questions de sécurité.

"Une violence démultipliée". "Aujourd'hui, le problème c'est que l'on a affaire à un terrorisme endogène, on n'a plus besoin de partir en Syrie ou en Irak pour devenir dangereux", explique-t-il, tout en insistant sur le caractère particulièrement violent de ce type de radicalisation, qui s'effectue à l'intérieur de nos frontières. "On a affaire à des gens qui ne sont pas des terroristes aguerris. Ce n'est pas parce que l'on est un néophyte du terrorisme que l'on est moins violent, au contraire, ce sont des gens qui ont des profils psychologiques assez fragilisés, et qui compensent leur manque d'expérience et de professionnalisme par une violence démultipliée. C'est ce que l'on a vu à Nice par exemple".

Renforcer les conséquences du fichage. Pour ce haut fonctionnaire, le fichage des personnes radicalisées doit donc donner lieu à un encadrement juridique renforcé, et ce afin d'éviter autant que possible les passages à l'acte. "Il faut créer un fichage beaucoup plus spécifique, et il faut qu'être fiché R, pour 'radicalisé', au sein du FPR, qui est le fichier des personnes recherchées, comporte un certain nombre de conséquences administratives et juridiques : que l'on ne puisse pas être au contact d'enfants, que l'on ne puisse pas exercer certaines professions avec des armes, etc.", détaille-t-il. "Il faut que du fichage, qui est un travail administratif, on ait un certain nombre de conséquences juridiques précises !", martèle Hugues Moutouh.