Procès Tarnac : la pièce centrale de l'accusation disséquée par le tribunal

Julien Coupat a mis en cause le "bon sens" de l'accusation.
Julien Coupat a mis en cause le "bon sens" de l'accusation. © ALAIN JOCARD / AFP
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avec AFP , modifié à
Au procès Tarnac, le tribunal a passé vendredi au crible le procès verbal de surveillance de Julien Coupat et Yildune Lévy la nuit du sabotage d'une ligne SNCF. 

Pièce centrale pour l'accusation, le document est considéré comme un faux par la défense : au procès Tarnac, le tribunal a passé vendredi au crible le procès verbal de surveillance de Julien Coupat et Yildune Lévy la nuit du sabotage d'une ligne SNCF. La présidente Corinne Goetzmann a d'abord tenu à recadrer les débats après les débordements des premiers jours, où certains prévenus sont parvenus par leurs interpellations, questionnements et affirmations, à imposer leur tempo. "J'ai bien conscience que dans ce procès, il y a chez certains prévenus une colère qui avait besoin de s'exprimer, c'est la raison pour laquelle il m'a semblé important de leur laisser (la parole), ce qui fait que les débats ont été plutôt atypiques", a dit la magistrate.

Secret défense. Le PV détaille la surveillance de Julien Coupat et de Yildune Lévy par des policiers de l'antiterrorisme (SDAT) et du renseignement intérieur (DCRI). Combien étaient-ils? Entre 15 et 20 selon les témoignages. De quels moyens matériels disposaient-ils ? Secret défense. Engagée le 7 novembre à 11h10 à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, la filature prend fin le 8 novembre peu avant 6h après le retour du couple à Paris. Entre temps, la Mercedes empruntée par le couple au père de Julien Coupat sera vue en train d'effectuer des allers-retours durant la nuit sur les routes de Seine-et-Marne. Les policiers affirment avoir observé le véhicule "stationné tous feux éteints à l'entrée d'une voie de service" de la SNCF, en contrebas de la ligne TGV où un crochet en fer a provoqué l'avarie d'un train.

Incohérences. Mais le PV présente de nombreuses incohérences : les policiers disent avoir vu le véhicule passer sous l'autoroute A4 alors que la route passe au-dessus et un policier qui aurait participé à la filature a, à la même heure, signé un PV au siège de la SDAT à Levallois-Perret, près de Paris. Le procureur Olivier Christen a tenté de justifier ces erreurs, expliquant que l'auteur du PV l'avait rédigé dans les 24 heures à partir de ses notes et de cartes. Il a affirmé que l'autre policier a bien participé à la filature mais a maladroitement validé par la suite un fax parvenu cette même nuit à la SDAT.

Mise en cause du "bon sens" de l'accusation. Très vite, le couple se rend compte, sur les petites routes de Seine-et-Marne, qu'il est toujours pisté. "Ce qui s'est passé n'est pas mystérieux", explique Julien Coupat. "Les policiers ont fait une filature jusqu'à minuit puis ils sont allés se coucher. Mais le lendemain ils se sont dits: "aïe aïe aïe", en découvrant les sabotages aux infos", alors ils ont adapté leur PV "pour insinuer que nous avons un rapport avec tout ça". Il met en cause "le bon sens" de l'accusation : "Des gens qui cherchent un hôtel et se savent suivis sont peu susceptibles de se rendre coupables d'un sabotage".