Procès Fourniret : pour Hellegouarch, le trésor n'appartenait pas aux "postiches"

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Jean-Pierre Hellegouarch a témoigné lors du procès de Michel Fourniret. © BENOIT PEYRUCQ / AFP
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avec AFP , modifié à
Le veuf de Farida Hammiche, qui aurait été assassiné par Michel Fourniret, a nié l'appartenance du trésor au "gang des postiches". 

"J'aimerais bien qu'on arrête de parler du 'gang des postiches' !" Au procès de Michel Fourniret pour l'assassinat de Farida Hammiche mercredi, son veuf a nié l'appartenance du trésor à cette équipe de braqueurs ayant opéré dans les années 1980. Jean-Pierre Hellegouarch, crâne rasé, solide carrure d'ancien braqueur proche d'Action directe mais mains tremblantes, est celui qui a donné instruction à Michel Fourniret, par l'intermédiaire de son épouse, d'aller déterrer un trésor d'une vingtaine de kilos d'or dans un cimetière du Val-d'Oise alors qu'il était incarcéré.

Trésor pour lequel Michel Fourniret, s'estimant lésé dans la récompense, aurait assassiné Farida Hammiche avec la complicité de sa femme, Monique Olivier, afin de le dérober.

Selon lui, l'or appartenait à un braqueur italien. Pour Hellegouarch, 75 ans aujourd'hui, l'or appartenait à Gian Luigi Esposito, un braqueur italien proche des milieux d'extrême droite rencontré en détention et qui lui avait confié le lieu de la cache. "Mais ça pouvait être de l'argent provenant d'un groupe politique", a-t-il tempéré. S'il a fait appel à Michel Fourniret, qui avait été incarcéré pour agression sexuelle, pour le déterrer, "c'est justement parce que ce n'était pas un bandit. Un bandit a plus de chance de vous voler".

Loin d'être un ami, "on est resté dans la même cellule une quinzaine de jours tout au plus", Jean-Pierre Hellegouarch indique qu'il ne voyait ensuite Fourniret que "le temps des promenades". "A cette période, j'étais plus amusé par ce qu'il était, a-t-il confié, il avait un comportement pas complètement adapté au régime pénitentiaire, physiquement quand il faisait des choses, il était un peu comme Charlot." "Je ne voyais pas à quel point il était maléfique", a-t-il ajouté.

Il interpelle Fourniret pour lui demander où se trouve le corps de sa femme. Aussitôt après la disparition de Farida Hammiche, Monique Olivier vient voir Jean-Pierre Hellegouarch au parloir pour lui faire part de son inquiétude. "Elle était envoyée par l'autre personne pour me rassurer, pour m'enfumer un peu plus", s'est-il rappelé à la barre.

Une phrase qui aura le mérite de provoquer la première réaction de Michel Fourniret depuis l'ouverture des débats mardi. Un doigt levé pendant quelques minutes pour intervenir, sans que le président ne lui donne la parole. Hellegouarch a fini par interpeller Fourniret pour lui demander où était le corps de Farida, jamais retrouvé : "S'il a deux sous de courage, c'est pour dire où elle se trouve". Jean-Pierre Hellegouarch a également déploré la lenteur de la justice et un procès d'assises 30 ans après la mort de sa femme. "J'ai toujours connu un aspect de la justice beaucoup plus rapide", a-t-il ironisé.