Procès du "dentiste de l'horreur" : l'argent est le mobile le plus probable

Le dentiste-conseil de la CPAM témoigne au procès du "dentiste de l'horreur" le 8 mars.
Le dentiste-conseil de la CPAM témoigne au procès du "dentiste de l'horreur" le 8 mars. © BENOIT PEYRUCQ / AFP
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avec AFP , modifié à
Selon le témoignage d'un dentiste-conseil de la CPAM, c'est l'argent qui aurait motivé le dentiste à multiplier les consultations aux patients. 

L'"intérêt financier" semble le motif le plus probable du Néerlandais Mark Van Nierop, surnommé "le dentiste de l'horreur" et jugé depuis mardi pour avoir mutilé une centaine de patients dans la Nièvre entre 2008 et 2012, selon un dentiste-conseil. En 2008, lors de l'installation de Mark Van Nierop à Château-Chinon, le Dr Didier Coupé, dentiste-conseil à la Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) du département, avait accompagné "au maximum" le Néerlandais, le rencontrant à plusieurs reprises pour lui présenter notamment la nomenclature et les recommandations françaises. 

Un chiffre d'affaires trois fois supérieur à la moyenne. Le Dr Coupé a déclaré mercredi à la barre du tribunal correctionnel de Nevers, au deuxième jour du procès de Mark Van Nierop, avoir reçu "trois ou quatre réclamations en 2010", qui ont été un "signe d'alerte". D'autres "signes alertant" interpellent la Sécurité sociale comme un chiffre d'affaires "rarissime", près de trois fois supérieur à la moyenne régionale, dès sa première année d'activité, ajoute le praticien. "C'est quand les cas (de plaintes) se cumulent en 2012, avec des cas plus sérieux" qu'est déclenchée une procédure d'analyse d'activité par la CPAM. "Si on écarte la méconnaissance, pourquoi a-t-il réalisé ces actes ? Je mets un point d'interrogation", a dit le Dr Coupé, avant de poursuivre : "Je ne vois pas d'autre motif, à moins l'intérêt de nuire, que l'intérêt financier".

Une surfacturation des soins. Assis le dos légèrement voûté dans le box, Mark Van Nierop, des lunettes toujours posées sur sa tête, s'est contenté d'un "pas de commentaire" quand il a été invité par le tribunal à s'exprimer sur ce témoignage. "C'était le tonneau des Danaïdes ! Il surfacturait pendant des années et on a mis énormément de temps à se rendre compte de ces escroqueries", s'est emportée la procureure de Nevers Lucile Jaillon-Bru, interpellant le Dr Coupé. Ce dernier a justifié que seule "l'analyse d'activité pouvait apporter la preuve". Selon le dentiste-conseil, les procédures de la CPAM ont abouti désormais à une "interdiction définitive d'exercer" en France du Néerlandais. Il encourt dix ans de prison et 150.000 euros d'amende pour avoir mutilé une centaine de patients. Son procès doit durer jusqu'au 18 mars.