Procès de Salah Abdeslam à Bruxelles : "Jugez-le comme vous jugeriez Dupont"

Sven Mary (photo), avocat de Salah Abdeslam, a imploré jeudi la clémence du tribunal.
Sven Mary (photo), avocat de Salah Abdeslam, a imploré jeudi la clémence du tribunal. © AFP
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avec AFP et Isabelle Ory , modifié à
Sven Mary, avocat de Salah Abdeslam, a plaidé jeudi l'irrecevabilité des poursuites contre son client, ainsi que contre son coprévenu, Sofiane Ayari. 

Sven Mary, avocat de Salah Abdeslam, jugé à Bruxelles pour une fusillade avec des policiers en mars 2016, a imploré jeudi la clémence du tribunal, lui demandant de juger son client "comme vous jugeriez Dupont". "Ce dossier est pollué par tout ce que vous avez lu, vu, entendu (…) Je vous demande de juger Salah Abdeslam comme vous jugeriez Dupont", a lancé Me Mary, qui a choisi de continuer à défendre le djihadiste français de 28 ans malgré son absence au deuxième jour du procès.

Sur une question de procédure, relative à l'emploi des langues, l'avocat a également plaidé l'irrecevabilité des poursuites contre son client, ainsi que contre son coprévenu Sofiane Ayari. Le tribunal devra statuer sur ce point. Me Mary a expliqué que dans son ordonnance de saisine du magistrat instructeur chargé de la fusillade du 15 mars 2016, le doyen des juges antiterroristes aurait dû employer le néerlandais et non le français, puisqu'il est rattaché au tribunal néerlandophone de Bruxelles. Il ne l'a pas fait et c'est donc "l'ensemble des actes" de l'instruction "qui doivent être écarté des débats", a-t-il affirmé. "Une histoire belgo-belge", a-t-il reconnu.

Abdeslam, "un stoïcien qui accepte son sort". Alors que Salah Abdeslam a défié ses juges lundi, disant placer sa confiance seulement en Allah (Dieu dans l'islam), Sven Mary l'a dépeint en "stoïcien qui accepte le sort qui est le sien". "Mais moi, ce sort, je peux l'impacter", a affirmé Me Mary, et "au contraire de Salah Abdeslam, je reconnais votre légitimité et je la respecte". Une peine de 20 ans de prison, avec treize ans de sûreté, soit le maximum pour les faits jugés, a été requise lundi par le parquet fédéral contre les deux prévenus.

Des chefs d'accusation contestés par la défense. Salah Abdeslam et Sofiane Ayari doivent répondre de "tentative d'assassinat sur plusieurs policiers" et "port d'armes prohibées", le tout "dans un contexte terroriste", une qualification contestée par les avocats de la défense. "Il n'y a aucun élément qui vous permette de condamner Abdeslam pour infraction terroriste" dans le dossier de la fusillade pour lequel il est jugé depuis lundi, a plaidé Sven Mary, parfois un peu agressif. Il a aussi demandé au tribunal de s'extraire de "la folie médiatique et sécuritaire de ce procès". Le jugement sera connu au mois d'avril. 

La fusillade de Forest. Le 15 mars 2016, c'est lors d'une perquisition de routine dans un logement supposé vide au 60 rue du Dries, dans la commune bruxelloise de Forest - dans le cadre de l'enquête sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris - que des policiers belges et français avaient essuyé des tirs d'armes automatiques. Trois policiers avaient été blessés, et un terroriste tué en faisant face aux policiers arme à la main pour couvrir la fuite par l'arrière d'Abdeslam et d'Ayari. Les deux fuyards avaient été arrêtés trois jours plus tard.