Pourquoi le mois de février est-il aussi chaud cette année ?

Un homme prend le soleil, le week-end dernier, au Jardin du Luxembourg, à Paris.
Un homme prend le soleil, le week-end dernier, au Jardin du Luxembourg, à Paris. © Lionel BONAVENTURE / AFP
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Thibauld Mathieu avec AFP
Plusieurs records de chaleur ont été battus pour un mois de février, ces derniers jours en France, notamment en raison de conditions anticycloniques sur toute l'Europe occidentale.

Si ce n'est pas encore le printemps, ça y ressemble. Comme depuis quelques jours maintenant, la journée de mardi a encore été très ensoleillée et exceptionnellement douce sur l'ensemble de la France. Et cela devrait encore être le cas mercredi, selon Météo-France, avant l'arrivée d'une perturbation pluvieuse prévue en fin de semaine. Mais au juste, pourquoi fait-il aussi chaud en ce moment ?

Des records de chaleur et d'ensoleillement

Plusieurs records de chaleur pour un mois de février ont été battus ces derniers jours, notamment en Bretagne, dans les Hauts-de-France ou les Ardennes, mais aussi en haute-montagne. À Pleyber-Christ, dans le Finistère, le thermomètre a atteint 21°C lundi, fait extrêmement rare pour la saison. Dans le Berry, c'est simple, il n'avait pas fait aussi chaud en février depuis 1899.

En France, la météo avait toutefois été plus clémente en février 1990, avec des températures moyennes supérieures de 4,4°C aux normales de saison. À l'opposé, le mois de février le plus froid remonte à 1956.

L'ensoleillement est lui aussi tout à fait exceptionnel pour la saison. Près des frontières belges, en Alsace, au nord de la Franche-Comté, entre le sud de la Bourgogne et le nord de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ou encore entre les côtes nord de la Bretagne et le Cotentin, "l'ensoleillement, du 1er au 21 février, est nettement supérieur à une fois et demi l'ensoleillement moyen sur cette période", selon un communiqué de Metéo-France.

Illustration aussi à Paris, où plus de 137 heures de soleil ont été enregistrées en février, un record depuis la mise en service des capteurs, en 1991. Pour rappel, la capitale n'avait bénéficié que de quatre minutes de soleil entre le 1er et le 6 janvier dernier.

Un puissant anticyclone sur l'Europe de l'Ouest

La situation s'explique avant tout par la présence d'un puissant anticyclone sur l'ensemble de l'hexagone depuis le 12 février, encadré par un axe de haute pression qui s'étend de la péninsule ibérique jusqu'à la Norvège, et des basses pressions sur l'est de l'Europe.

"Cette succession basses pressions-hautes pressions-basses pressions s'accompagne d'échanges de masses d'air dans des directions nord-sud", explique à l'AFP le prévisionniste de Météo-France Etienne Kapikian . Ainsi, sur la façade atlantique, l'air chaud remonte du Maroc et de l'Espagne, provoquant les températures printanières.

Outre la France, le Royaume-Uni a battu lundi son record de chaleur pour un mois de février et même pour un jour d'hiver, avec 20,6°C à Trawsgoed, au Pays-de-Galles. Des records mensuels plus localisés ont également été enregistrés ces derniers jours dans de nombreuses localités de plusieurs pays d'Europe de l'Ouest, avec par exemple 25°C à Ourence, en Espagne ou 18,8°C à Uccle, près de Bruxelles.

Les températures sont également printanières en Scandinavie, avec un record pour février battu samedi à Kvikkjokk en Suède (9,1°C) près du cercle polaire ou encore 17,8°C à Linge en Norvège, pas loin du record national, selon Météo-France.

En revanche, l'air froid venu du cercle polaire redescend vers les Balkans et la Méditerranée centrale, provoquant aussi des "anomalies thermiques" et de la neige, comme cela a été le cas en Grèce, le week-end dernier, ou dans le nord-ouest de la Turquie. À Lecce, en Italie, le thermomètre ne dépassait pas les 5°C. Et il n'est pas exclu qu'un tel phénomène survienne en France au mois de mars. En effet, tout peut changer très rapidement : pour preuve, il y a un an, le pays connaissait le Paris-Moscou, un air glacial venu de Russie qui avait drastiquement fait chuter les températures.

 

Une situation temporaire

Mercredi, le temps sera toujours marqué par beaucoup de soleil et une grande douceur. Mais les jours suivants devraient voir l'apparition d'une perturbation pluvieuse. Les températures devraient toutefois rester supérieures aux normales de saison pendant une dizaine de jours.

Un signe du réchauffement climatique ?

"Ce que nous voyons en Grande-Bretagne, avec plus de 20°C en hiver pour la première fois, c'est ce qu'on s'attend à voir avec le réchauffement climatique", commente auprès de l'AFP Friederike Otto, chercheuse pour l'Environmental Change Institude d'Oxford. "Le fait que le printemps commence beaucoup plus tôt est l'un des signes évidents du changement climatique", ajoute-t-elle, n'allant pas jusqu'à lier formellement les deux, sans analyse plus précise.Un signe du réchauffement climatique ?

Car de façon générale, les scientifiques sont réticents à attribuer au seul dérèglement climatique la survenue d'un événement météo extrême, quel qu'il soit. Toutefois, de plus en plus de recherches sont menées a posteriori pour déterminer si un événement aurait pu se produire dans un monde non soumis au dérèglement climatique. Fin juillet dernier, le World Weather Attribution, réseau dont le Dr Otto fait partie, avait même estimé, ayant lancé des calculs sans attendre la fin de la canicule, que la vague de chaleur exceptionnelle qui touchait l'Europe était un "signe sans ambiguïté" du réchauffement.