Pourquoi le doggy bag marche-t-il si mal en France ?

En France, le doggy bag est souvent assimilé à un comportement de radin.
En France, le doggy bag est souvent assimilé à un comportement de radin. © Flickr/CC/jj
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Le doggy bag, une pratique très répandue dans les pays anglo-saxons, reste pourtant méconnue en France. 

Qui ne s'est jamais senti coupable de laisser une assiette à moitié pleine au restaurant ? Il existe pourtant une solution qui pourrait alléger votre conscience: le doggy bag, cet emballage qui vous permet d’emporter chez vous les restes de votre repas au restaurant. Cette pratique très répandue aux Etats-Unis est boudée par la majorité des Français. Un sondage YouGov pour 20Minutes publié jeudi à l'occasion de la  journée nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire révèle que 55% des consommateurs n'y ont jamais eu recours. 

Une tradition culturelle bien ancrée. Pour le sociologue de l’alimentation, Jean-Pierre Corbeau, ce n’est tout simplement pas dans la tradition française d'emporter les restes chez soi. “Chez les catégories populaires, on finit son assiette, c’est culturel. Pour les catégories bourgeoises, il faut chipoter en montrant que l’on n’est pas dans un rapport pulsionnel à l’aliment”, explique le sociologue.

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Une pratique mal considérée. 15% des interrogés estiment que le doggy bag est assimilé à un comportement de radin. Un sentiment confirmé par Jean-Pierre Corbeau pour qui le doggy bag est associé à “la mendicité, à la part du pauvre”. De plus, 5% des Français la voient comme peu hygiénique. Un point sur lequel Jean-Pierre Chedal, président des restaurateurs au Synhorcat (Syndicat National des Hôteliers, Restaurateurs, Cafetiers et Traiteurs) est entièrement d’accord : “ce n’est pas hygiénique de mettre son doggy bag dans sa voiture ou dans les transports en commun pour des questions de conditionnement des aliments”.

Le gaspillage au restaurant : anecdotique ? Pour Jean-Pierre Chedal, qui reconnait que ce n’est pas non plus dans les mœurs des restaurateurs de proposer un doggy bag, le gaspillage reste très marginal dans les restaurants. “Lorsque les gens ne terminent pas leur assiette, c’est parce qu’il y a un problème de qualité de la nourriture servie”, assure-t-il. Pourtant, et malgré le peu de chiffres sur le sujet, un rapport du ministère de l’agriculture et de l’alimentation estimait en 2011 que les pertes et gaspillages alimentaires dans les métiers de la restauration représentaient en moyenne 211 grammes par personne et par repas pour la restauration commerciale. Pour l’association France Nature Environnement, ce chiffre est “énorme” sachant qu’un plateau moyen au restaurant compte entre 600 et 700 grammes servis.

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Des raisons que cela change ? Si le doggy bag est encore très peu répandu, une écrasante majorité des sondés (90%) considèrent que cette pratique est un bon moyen de lutter contre le gaspillage. Et  les pratiques alimentaires évoluent malgré tout. Pour le sociologue Jean-Pierre Corbeau, la restauration rapide avec son système de vente à emporter pousse la pratique à se développer. Enfin, les jeunes qui sont partis à l’étranger et notamment aux Etats-Unis seront plus enclins à demander un doggy bag une fois revenu en France.