Pourquoi le 1er novembre est-il férié ?

croix christ
C'est vers 835 que le pape Grégoire IV ordonne que l'ensemble de la chrétienté fête le 1er novembre la fête de la Toussaint. © ENRIQUE CASTRO / AFP
  • Copié
Le 1er novembre, les catholiques fêtent le souvenir de leurs saints. Cette tradition devenue jour férié a été préservée par la République.

Jeudi sera un jour férié dans plusieurs pays européens comme la France mais aussi l'Espagne, l'Italie, la Hongrie ou encore la Pologne. Leur point commun ? Ils sont de tradition catholique. Le 1er novembre correspond à la fête religieuse de la Toussaint qui, comme son nom l'indique, fête tous les saints de l'Eglise catholique. Europe 1 vous explique les origines et la signification de cette commémoration.

Une coutume de l'Antiquité... Ce serait lors des premiers siècles de l'ère chrétienne que les catholiques du Proche-Orient auraient pris l'habitude de fêter après la Pentecôte leurs saints et leurs saintes. Il apparaissait plus facile de regrouper sur un jour cet hommage au lieu de procéder à des commémorations individuelles. Cette période correspondait à des festivités romaines, les Lemuria, qui visaient à conjurer les esprits des morts malfaisants.  

… institutionnalisée au 9ème siècle. Cet hommage collectif se concrétise au 7ème siècle lorsque le pape Boniface IV consacre le Panthéon de Rome, anciennement consacré aux dieux romains, à l'ensemble des saints et martyrs. Il faut cependant attendre le 9ème siècle pour que la date du 1er novembre soit instituée. Vers 835, le pape Grégoire IV ordonne que l'ensemble de la chrétienté fête ce jour-là la Toussaint. En France, c'est l'empereur Louis le Pieux, fils de Charlemagne, qui en avait décidé de même en 833 en instituant cette célébration sur tout l'empire carolingien.

Depuis, les catholiques commémorent donc le 1er novembre tous leurs saints, connus ou inconnus.

1

Un jour qui a toujours été férié. Depuis son instauration dans l'empire carolingien, la Toussaint fait partie des 50 jours chômés du calendrier catholique. Pendant la Révolution française cependant, en vu d'amoindrir l'influence de la religion sur les mentalités, les députés décident de supprimer ce jour férié. Dans le calendrier révolutionnaire adopté en 1793, le 1er novembre devient le 11ème jour du mois de Brumaire, officiellement jour du salsifis. Il faut attendre Napoléon et la signature du Concordat (traité entre la France et le Vatican) en 1802 pour que quatre jours fériés religieux soient de nouveau instaurés dans le calendrier : Noël, Ascension, Assomption et Toussaint. Depuis et même avec le retour de la République en France, cette tradition a été respectée. Aujourd'hui, la Toussaint figure officiellement parmi les onze jours fériés listés dans le Code du Travail.

La fête des morts instaurée le 2 novembre. D'une fête pour les saints, comment les catholiques sont-ils passés à une commémoration pour l'ensemble des morts ? Là encore, une coutume instaurée au 10ème siècle a été généralisée. En 998, l'abbaye de Cluny, centre intellectuel qui donnait alors le "la" en matière de liturgie, instaure une fête des morts le 2 novembre qui rentre officiellement dans le calendrier catholique au 13ème siècle sous le nom de "commémoration des fidèles défunts". Mais cette fête des défunts est aussi celle de la vie pour les catholiques : elle est en effet l'occasion de rappeler que les morts bénéficient de la vie éternelle.

1

Cependant, en France, les fidèles ont l'habitude d'aller fleurir les tombes de leurs proches le 1er novembre, et non le 2 novembre. La raison en est pratique : le férié a été instauré pour la Toussaint et non pour la "commémoration des fidèles défunts".

 

Quid des protestants et des orthodoxes ? Les protestants, qui ne reconnaissent pas les saints de l'Eglise catholique, ne fêtent pas la Toussaint. Les orthodoxes, quant à eux, ont fixé cette fête le dimanche suivant la Pentecôte (le 16 juin en 2019).

Concernant la commémoration des défunts, il n'existe pas de jour unique dans la liturgie orthodoxe. Le souvenir des défunts y est fêté chaque samedi, avec quelques temps forts dans l'année comme les deux samedis avant le Grand Carême.