Pour la première fois, l'IGPN lance un appel à témoins pour retrouver... un policier

© KENZO TRIBOUILLARD / AFP
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François Coulon avec C.R-D
POLICE ; VIOLENCES ; MANIFESTATIONS ; APPEL À TÉMOINS - La police des polices tente de retrouver un policier ayant blessé un jeune homme grâce à un appel à témoins. La profession est sous le choc. 

Inédit. En France, la police des polices lance un appel à témoins après des violences policières à Nantes. En marge d'un rassemblement contre la loi El Khomri, un jeune homme avait été blessé il y a une dizaine de jours. Cet appel à témoins de l'IGPN est une première, et cela provoque de vives réactions au sein de la police. "Si vous avez été témoin de cette action policière, merci d'appeler l'IGPN de Rennes", dit le texte. Un numéro de téléphone figure sur le document affiché et déposé dans une dizaine de boîtes aux lettres.

"Ce qu'on conteste, c'est la méthode". Fureur des policiers nantais, épuisés par des manifestations à répétition et qui dénoncent un procédé inédit. "Ce qu'on conteste, c'est la méthode, c'est le principe d'afficher", commente Stéphane Léonard, du syndicat SGP-FO. "Comme on le voit aujourd'hui, un appel à témoins a été lancé pour retrouver un terroriste en Belgique. On ne peut pas comparer un fonctionnaire de police qui fait l'objet d'un appel à témoins de la ville de Nantes avec un terroriste notoire. Cela nous choque considérablement".

Deux poids, deux mesures ? "A l'inverse, il y a eu 129 blessés à Nantes le 22 février 2014 dans des manifestations très difficiles. Quatre-vingt-dix dépôts de plaintes déposés par nos collègues blessés. Et là, pas de suite. Ni d'appel à témoins de l'IGPN pour savoir qui avait blessé ces fonctionnaires de police ! Qu'est-ce que ce procédé? "

La direction nationale de l'IGPN plaide non-coupable. "Les enquêtes sont réalisées à charge et à décharge", rétorque-t-on à la police des polices. "Un appel à témoin vise à permettre de s'approcher au plus près de la réalité".