Police : Jean-Marc Falcone "comprend la colère des manifestants" mais "ne partage pas leur façon de s'exprimer"

Jean-Marc Falcone
Jean-Marc Falcone © MIGUEL MEDINA / AFP
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Le directeur général de la police nationale ne regrette pas d'avoir saisi l'IGPN pour enquêter sur les manifestants. Il propose également plusieurs mesures. 

Jean-Marc Falcone, directeur général de la police nationale, dit "comprendre la colère et l'exaspération" des policiers, après les manifestations de plusieurs centaines d'agents cette semaine. "Quand je parle avec les gars de terrain, ils me demandent simplement de pouvoir travailler ! Ils me disent : 'Monsieur, vous êtes le patron de la police, on veut pouvoir exercer notre métier qui est de mettre des délinquants hors d’état de nuire'. Qu’est-ce que vous voulez que je dise d’autre que je les approuve !", précise-t-il. Interrogé par le Journal du dimanche, ce dernier promet plusieurs mesures pour alléger certaines missions effectuées par ses troupes. Mais il prévient également les manifestants : "je ne partage pas leur façon de l’exprimer".

Attentats, Cop21, Euro… Les policiers n'ont "pas baissé bras". "Je ne suis pas surpris par cette émotion", explique Jean-Marc Falcone. "Depuis janvier 2015, on en demande plus aux policiers. On est passé de 70 % de taux de présence en service à 80 %. Après les attentats, il y a eu la COP 21, l’Euro de football, les manifestations contre la loi travail, et malgré tout cela, la délinquance n’a pas flambé. Les policiers, je leur rends hommage, ont continué leur mission première sans baisser les bras", salue-t-il. Et d'enchaîner : "Dans le même temps, quatre fonctionnaires de la police nationale ont été exécutés, devant Charlie et à Magnanville. Les policiers ont pris conscience qu’ils pouvaient être pris pour cible. À Viry-Châtillon, ils ont été attaqués à coups de cocktail Molotov, et deux agents ont failli y laisser la vie. Cela fait beaucoup quand même !"

Pas de "mode sanction". Mais s'il "comprend la colère", le directeur général de la police nationale assume sa décision de saisir l'IGPN, pour enquêter sur les manifestations de la semaine. "Je suis directeur général de la police nationale, garant et comptable des règles. J’ai vu que des policiers quittaient leur service, leur département, pour manifester dans les rues de Paris, pour certains en uniforme ! Autant je comprends leur colère, autant je ne partage pas leur façon de l’exprimer", martèle-t-il. "Je n’ai jamais dit que j’allais passer au mode sanction", nuance-t-il toutefois.

La patte du FN ? Jean-Marc Falcone voit-il, à l'instar de Jean-Christophe Cambadélis, la "patte du Front national" derrière ces manifestations ? "C’est au départ un mouvement spontané. Je ne crois pas que le FN soit derrière tout cela". "Je dois être vigilant. Chacun vote comme il veut, bien entendu, mais les commissariats ne seront jamais des salles de meeting", prévient-il toutefois.

 

Certaines missions seront confiées à des entreprises privées. Le patron de la police a également étayé plusieurs mesures en réponse au malaise de ses troupes. Principale d'entre elles : la fin des "gardes statiques" pour certains policiers. Dans le cadre de certaines missions, ces gardes confiées à des entreprises de sécurité privées.

"Ces missions de garde statique sont bien comprises en cas de menaces imminentes mais lorsqu’elles durent dans le temps, elles sont de moins en moins bien supportées. […] Les policiers ne veulent plus de cela. Ils veulent faire de la police, c’est-à-dire arrêter des délinquants […]", reconnaît Jean-Marc Falcone. Et de poursuivre : "Dès lundi, avec l’ensemble des préfets, nous allons mettre à plat les charges dites indues. À partir de la semaine prochaine, les policiers de l’Essonne seront libérés des missions de protection de personnalités. Je vais également proposer que soit accéléré le calendrier de suppression des gardes statiques de préfectures et proposer au ministre de l’Intérieur qu’une série de missions de surveillance n’incombent plus à la police nationale, mais soient confiées à des entreprises privées. Par exemple, la simple garde de détenus hospitalisés, qui mobilise 300 policiers!"