Polémique Charles Maurras : "Le ministère de la Culture devrait repenser le livret des commémorations nationales"

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G.P.
Sur Europe 1, l'historien Nicolas Offenstadt estime que cet ouvrage du ministère devrait être plus largement interrogé.
INTERVIEW

Après plusieurs jours de protestations d'associations antiracistes, le ministère de la Culture a finalement retiré la référence à l'écrivain d'extrême droite Charles Maurras, dans le livret des commémorations nationales 2018. La présence de cette figure antisémite a provoqué l'indignation d'associations et d'historiens, dont Nicolas Offenstadt, historien, membre du comité scientifique des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale. Il était dans Europe matin lundi.

Un livret "très général" mais "pas secondaire". "Une commémoration, c'est un choix. Si on choisit de mettre dans ce livret des personnes qui représentent le soutien maximum à la politique de Vichy, cela me paraît extrêmement problématique", explique Nicolas Offenstadt. Dimanche, il a tout de même salué la décision de Françoise Nyssen de retirer le nom de Charles Maurras du livret, évoquant "une décision aussi évidente que tardive".

Pour rappel, le livret des commémorations nationales "est un livre très général où il y a toutes les commémorations nationales. Il peut y avoir des œuvres, des livres, des films", détaille Nicolas Offenstadt. "Ce n'est pas parce que c'est très ouvert et que ça n'implique pas les autorités de la République à chaque fois, que c'est secondaire", souligne le spécialiste, rappelant que Charles Maurras était "la grande figure de l'extrême droite du premier XXe siècle français" et que "l'antisémitisme est au cœur de son propos".

Faire ce livet avec "beaucoup plus de discernement". Selon lui, cette présence initiale dans le livret doit tout de même poser question. "Il faut interroger un peu plus ce livret", affirme Nicolas Offenstadt, qui a aussi relevé dans l'ouvrage la présence de l'écrivain Jacques Chardonne, "symbole de la Collaboration avec l'Allemagne nazie". "Le ministère de la Culture devrait repenser un peu plus ce livret et le faire avec beaucoup plus de discernement", estime l'historien.