Patricia, 58 ans, victime de grossophobie : "On m'a envoyée passer une IRM chez un vétérinaire"

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Grégoire Duhourcau , modifié à
Patricia, qui "souffre de la maladie chronique de l'obésité depuis l'âge de 12 ans", a témoigné dans l'émission d'Olivier Delacroix sur Europe 1. "Je n'ai plus honte de dire que je suis obèse", assure-t-elle.
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Patricia, 58 ans, explique être "une obèse mince". Si aujourd'hui, elle a "une taille normale", l'obésité "laisse des cicatrices dans l'âme et dans le corps", confie-t-elle au micro d'Olivier Delacroix sur Europe 1.

"Je souffre de la maladie chronique de l'obésité depuis l'âge de 12 ans. Jusqu'à 12 ans, j'étais une petite fille plutôt menue et puis à partir de l'âge de 12 ans, j'ai commencé à avoir des problèmes de poids importants. Petit à petit, du surpoids, je suis passée dans l'obésité jusqu'au moment où cette obésité a engendré des complications de santé. Mes jours étaient comptés.

"Pour moi, je n'étais pas obèse"

Il y a dix ans, on m'a dit que j'étais obèse. Pour moi, je n'étais pas obèse. L'image que j'avais d'un obèse, c'était quelqu'un qui est dans son fauteuil, qui mange des chips toute la journée, qui boit du Coca et qui ne fait pas d'activité, ce qui n'était pas mon cas. J'étais ronde, bien en chair, mais je n'étais pas obèse. Quand on m'a posé ce mot d'obèse, pour moi, ça a été un électrochoc. En plus, quand on vous dit que vous êtes en obésité morbide, le coup est double.

Le rapport au corps et au poids est toujours très compliqué. Même si, pour les autres, j'ai une taille normale. Pour parler en taille vestimentaire, je m'habille en 38-40. L'obésité, elle laisse des cicatrices dans l'âme et dans le corps.

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Comment faire face aux attitudes grossophobes ?

Maintenant j'en ris. Sur le moment, j'en ai ri pour me protéger. Il y a quelques années, je devais passer une IRM et vu mon volume, l'hôpital local n'était pas équipé pour que je puisse utiliser l'appareil donc on m'a envoyé passer une IRM chez un vétérinaire. Je suis passée entre une vache et un cheval de course. Le cheval de course était magnifique, c'était un superbe étalon, c'était plutôt valorisant mais psychologiquement, c'est quand même difficile.

[Ce qui atteint le plus, c'est] le regard et le jugement par la bêtise. Les gens ne savent pas. Les gens pensent que si on est gros, c'est un choix de vie. On ne choisit pas d'être gros. Je n'ai plus honte maintenant de dire que je suis obèse parce qu'on m'a expliqué ce que c'était et pourquoi j'étais comme ça. Quelqu'un qui est cardiaque, on ne va pas le culpabiliser parce qu'il est cardiaque. Par contre, dès que vous prononcez ce mot d'obèse, ça ramène à des connotations de personnes qui n'ont pas le courage, qui ne sont pas capables de..., qui se fichent d'elles. C'est en ça que c'est péjoratif. Les dictas de la mode, on les subit, quels qu'ils soient. Pour moi, ce n'est pas ça qui est très important, c'est le regard des autres.

Une société qui fait se sentir hors-normes ?

Pour revenir dans le milieu médical, il y a énormément de femmes obèses qui ont des poitrines très importantes, qui ont passé les 50 ans et qui ne font pas de dépistage du cancer du sein et qui ne vont pas passer de mammographie parce qu'elles en ont assez de se faire humilier par les radiologues. Quand on vous dit : 'Oh, eh bien posez ça là, on va bien arriver à bricoler quelque chose avec votre sein...' On n'est pas que des tas de viande."