Participe passé : "Ce n'est pas la grammaire qu'il faut simplifier, ce sont les explications"

Bernard Fripiat, Europe 1, 1280
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Grégoire Duhourcau , modifié à
L'historien de la langue française Bernard Fripiat est fermement opposé à ses compatriotes belges qui ont appelé dimanche à simplifier l'usage du participe passé. Il s'en est expliqué mardi matin, chez Nikos Aliagas, sur Europe 1.
INTERVIEW

Les Belges sont divisés sur l'orthographe du français. Alors que deux professeurs ont appelé dimanche, avec l'appui de la fédération Wallonie-Bruxelles, à rendre invariable le participe passé après l'auxiliaire avoir, dans une tribune publiée par Libération, leur compatriote Bernard Fripiat s'est déclaré fermement opposé à l'idée, mardi matin chez Nikos Aliagas, sur Europe 1.

"Si on l'explique de manière simple, ça marche tout seul." "Je suis contre à 100%, c'est complètement ridicule", a jugé cet historien de la langue française. "Ce n'est pas la grammaire qu'il faut simplifier, ce sont les explications", affirme-t-il. "Si on l'explique de manière simple, ça marche tout seul. Là, franchement, c'est pour se faire un coup de pub", ajoute Bernard Fripiat, avant de plaisanter : "On a voulu dire 'coucou, on est là, on existe !'"

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Expliquer "de manière rigolote et en simplifiant". D'après lui, la solution pour que les enfants puissent assimiler cette règle spécifique est "d'expliquer l'orthographe, d'abord de manière rigolote et en simplifiant". "La règle la plus compliquée en participe passé, c'est le pronominal. 'Nous nous sommes téléphoné', il n'y a pas de 's', 'nous nous sommes regardés', il y en a un. Si on explique grammaticalement, on se prend la tête", explique Bernard Fripiat.

Un moyen mnémotechnique pour apprendre. Alors, pour simplifier l'apprentissage de cette règle, Bernard Fripiat recommande une méthode simple et ludique : utiliser "'je le, je lui.' Quand vous dites 'je lui', vous n'accordez pas, 'je le' vous accordez."

  • Exemple :

"Nous nous sommes téléphoné" > Je lui téléphone, donc pas de "s"

"Nous nous sommes regardés" > Je le regarde, donc "s"

Bernard Fripiat se désolidarise donc de ses compatriotes qui militent en faveur de ce changement. Pour lui, une langue doit évoluer "en fonction de la manière dont les gens parlent, mais ça doit se faire lentement".