Mur "anti-intrusions" à Calais: la mairie saisit la justice pour suspendre les travaux

Le mur "anti-intrusions" de migrants sur la rocade portuaire de la ville de Calais est-il encore utile depuis le démantèlement ?
Le mur "anti-intrusions" de migrants sur la rocade portuaire de la ville de Calais est-il encore utile depuis le démantèlement ? © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Parfois appelé le "mur de la honte", le mur "anti-intrusions" de migrants sur la rocade portuaire de Calais fait débat après le démantèlement de la "Jungle". Est-il encore utile ? 

La municipalité de Calais a demandé mercredi au tribunal administratif de Lille de suspendre la construction, commencée le 20 septembre, du mur "anti-intrusions" de migrants sur la rocade portuaire de la ville, deux semaines après la fin du démantèlement de la "Jungle".

Une décision la semaine prochaine. Cette requête en référé, examinée en audience publique dans la matinée, réclame la suspension des arrêtés préfectoraux des 3 et 18 octobre passant outre aux arrêtés interruptifs de travaux pris par la maire (LR) de Calais, Natacha Bouchart. Le juge rendra sa décision la semaine prochaine.

"Un mur inutile". Ce mur de 4 mètres de hauteur et 1 kilomètre de long, dont la moitié environ a déjà été édifiée, prolonge les grillages déjà installés sur la rocade près du port. Financé par la Grande-Bretagne (2,7 millions d'euros), ce mur doit être végétalisé au printemps prochain côté circulation et vise à protéger à l'avenir la rocade des assauts de migrants voulant passer en Angleterre, s'ils revenaient à Calais malgré la destruction de la "Jungle". "La commune estime que ce mur est désormais totalement inutile car la 'Jungle' de Calais a été démantelée", a affirmé à l'audience Maître Paul-Guillaume Balaÿ, l'avocat de la mairie de Calais, qui dénonce un édifice "dans l'esprit du mur de Berlin".

"La construction de ce mur est anachronique, depuis le démantèlement, nous n'avons eu écho d'aucun désordre sur la rocade", a-t-il insisté. Par ailleurs, selon lui, il s'agit d'un mur "stigmatisant", "absolument déplorable pour l'image du territoire" et qui va "défigurer une partie des paysages calaisiens". Le site "n'a pas le moindre intérêt paysager", a pour sa part estimé le représentant de la préfète du Pas-de-Calais, Sylvain Gathoye.

Une situation toujours délicate. D'après lui, le démantèlement de la Lande, "ne modifie pas la situation géographique de Calais située en face de l'Angleterre", destination convoitée par les migrants. Si la construction du mur s'arrête, ce sera un mauvais signal envoyé aux passeurs" et un "discrédit de la parole française" vis-à-vis de l'Angleterre, a-t-il encore déclaré. "Depuis le début de l'année, cinq personnes sont mortes sur la rocade, ce mur permettra de sauvegarder des vies humaines et d'assurer la sécurité routière", a par ailleurs estimé Yann Borrel, avocat de la Société d'exploitation des ports du détroit (SEPD) maîtresse d'ouvrage. "Le démantèlement ne mettra pas un terme au problème migratoire que la France connaît", a-t-il dit.

Natacha Bouchart, initialement favorable à ce projet, avait estimé lors de l'annonce du démantèlement par les autorités en septembre que ce mur n'avait "plus lieu d'être". L'érection du mur sera terminée mi-décembre "si les conditions météorologiques sont favorables", selon la préfecture.