Mourir à la maison, un souhait compliqué à réaliser

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Dans un service de soins palliatifs. © FRED DUFOUR / AFP
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avec AFP
SANTÉ - Alors que la moitié des patients en fin de vie expriment le souhaite de mourir à leur domicile, trois personnes sur cinq meurent à l'hôpital.

Mourir chez soi, dans un environnement familier, dans l'intimité des siens… un souhait difficile à réaliser pour beaucoup de personnes en France. Selon une enquête "Fin de vie, menée par l'Ined et publiée mercredi, seulement un quart des Français meurent à leur domicile. "Plus on approche de la mort, plus le maintien à domicile se raréfie au profit de l'hospitalisation", ont constaté les chercheurs. L'enquête s'est appuyée sur l'étude de 15.000 décès  survenus en décembre 2009 chez des personnes de plus de 18 ans.

L'hospitalisation, souvent "incontournable". Seuls 26% des Français meurent chez eux, de façon soudaine ou non, précisent les auteurs de l'enquête. Une proportion plus forte qu'au Royaume-Uni (20 %) ou qu'en Norvège (18 %) et du même ordre de grandeur aux États-Unis (24 %).

La tendance générale est donc bien à la médicalisation de la fin de la vie, observent les auteurs, "ce qui rend souvent l'hospitalisation incontournable". Si l'hospitalisation à domicile est de plus en plus privilégiée, elle reste "le parent pauvre des politiques de développement des soins palliatifs", déplore l'enquête.

La moitié des patients en fin de vie veulent mourir chez eux. Pourtant, quatre semaines avant leur mort, 45% des personnes vivent encore à domicile. Ainsi, la trajectoire du domicile ou de la maison de retraite vers l'hôpital est fréquemment observée dans le mois précédent le décès. Un trajet aller qui est très rarement suivi d'un trajet retour.

Un chiffre qui ne correspond en rien à ce que désirent les patients. 55% des patients en fin de vie souhaitent en effet mourir chez eux, 25% en maison de retraite et seulement 17% d'entre eux préfèrent décéder à l'hôpital.

Des soins médicaux impossibles à mettre en place à la maison ? Les soins médicaux, de plus en plus complexes, rendent le maintien à domicile compliqué ou impossible, notent les auteurs. C'est en tout l'explication la plus avancée par les proches qui hospitalisent leur parent malade, même si ce dernier s'y oppose.

Les proches, plus présents en cas de décès à la maison. "Les médecins témoignent de la forte mobilisation de l'entourage familial de leurs patients en fin de vie. Quasiment toutes les personnes maintenues à domicile ou transférées à l'hôpital (96 %) ont reçu des visites au cours de leur dernière semaine d'existence", soulignent par ailleurs les auteurs. Mais famille et amis sont tout de même plus présents au moment du décès lorsqu'il a lieu à domicile. A la maison, les proches sont les seuls présents dans 44 % des cas, et ils sont assistés de professionnels dans 26 % des cas.

Mais mourir sans témoin est aussi plus fréquent à domicile, 21% des personnes contre 7% chez ceux qui décèdent à l'hôpital.