Mort d'Adama Traoré : la juge prépare une reconstitution

La famille d'Adama Traoré demande "la vérité" sur la mort de ce jeune homme lors de son interpellation en juillet 2016.
La famille d'Adama Traoré demande "la vérité" sur la mort de ce jeune homme lors de son interpellation en juillet 2016. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
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avec AFP , modifié à
La justice envisage une reconstitution des faits dans l'affaire Adama Traoré, un jeune homme mort en juillet 2016 lors d'une interpellation par les gendarmes.

Presque deux ans après la mort d'Adama Traoré, un homme noir de 24 ans devenu un symbole des "violences policières", la juge d'instruction a annoncé envisager une reconstitution des faits, a appris l'AFP mardi de source proche du dossier, confirmant une information du Parisien. La juge a indiqué cette intention dans une ordonnance du 18 avril, dont l'AFP a eu connaissance. Elle répondait favorablement à une demande de la famille du jeune homme, qui accuse les gendarmes d'avoir provoqué son asphyxie lors d'une interpellation le 19 juillet 2016 à Beaumont-sur-Oise, dans le Val-d'Oise.

Décès par asphyxie. La juge a toutefois précisé attendre d'avoir reçu l'expertise médicale de synthèse qu'elle a confiée le 18 janvier à quatre médecins. Très attendu, ce rapport doit permettre d'identifier les causes, très discutées, de la mort d'Adama Traoré. En juillet 2017, une contre-expertise avait confirmé un décès par asphyxie, en lien avec plusieurs fragilités antérieures, notamment une anomalie cardiaque et une maladie inflammatoire. Les médecins avaient cependant écarté l'hypothèse d'une cardiomyopathie et d'un état infectieux évoqués par l'autopsie initiale. Mais leurs conclusions ne permettaient pas de résoudre l'inconnue au cœur de l'affaire : la méthode d'interpellation des gendarmes est-elle en cause ?

Le placage ventral mis en cause. Lors de son arrestation après une course-poursuite, le jour de son anniversaire, Adama Traoré avait été maintenu au sol sous "le poids des corps" de trois gendarmes, selon les déclarations de l'un des militaires qui assurait n'avoir porté aucun coup. Pour la famille, qui dénonce une "bavure", les gendarmes ont pratiqué un placage ventral qui a provoqué une compression thoracique à l'origine de l'asphyxie et ils ne lui ont pas porté secours après son malaise dans leur véhicule. Le jeune homme était mort dans la cour de la gendarmerie de Persan où il avait été transporté. Selon la source proche du dossier, les gendarmes n'ont pas encore été entendus par la juge en charge de cette enquête ouverte pour "violences par personnes dépositaires de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et "non-assistance à personne en péril".