Meurtre de Sarah Halimi : les avocats de ses proches dénoncent une enquête "uniquement à décharge"

Les avocats des proches de Sarah Halimi, de gauche à droite : Gilles-William Goldnaldel, Oudy Bloch, Muriel Ouaknine-Melki, Nicolas Benouaiche et Stéphanie Cohen.
Les avocats des proches de Sarah Halimi, de gauche à droite : Gilles-William Goldnaldel, Oudy Bloch, Muriel Ouaknine-Melki, Nicolas Benouaiche et Stéphanie Cohen. © Salomé Legrand/Europe 1
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Salomé Legrand
Les conseils réclament un "juste milieu" dans le traitement de cette affaire après les conclusions d'un deuxième collège d'experts psychiatres, concluant à l'abolition du discernement de Kobili T., suspect du meurtre. 

Ils étaient convoqués mercredi dans le cabinet de la juge d’instruction. Les avocats des proches de Sarah Halimi se sont vus communiquer les conclusions du deuxième collège d’expert psychiatres chargés de se pencher sur l’état de santé mentale de Kobili Traoré, accusé du meurtre de la retraitée de confession juive âgée de 65 ans, violentée puis défenestrée au cri d’« Allahou akbar ! » par son voisin en avril 2017.

"Tout est sujet à débat". Contrairement à la première expertise menée par le Docteur Zagury, ce nouveau rapport conclut à l’abolition complète du discernement du jeune homme, mis en examen pour « homicide volontaire » et qui a reconnu les faits. Lors d’une conférence de presse, jeudi, les cinq avocats des proches de Sarah Halimi ont dénoncé le fait que cette expertise ait été demandée par la juge d’instruction elle-même et non pas par l’avocat de la défense.

 "La défense elle-même de Monsieur Traoré n'a pas cru devoir faire cette demande, il a dû considérer que le rapport de Monsieur Zagury correspondait à la réalité psychiatrique des faits et que son client avait suffisamment de discernement pour être dans un procès plein et entier", souligne Me Gilles-William Goldnadel qui martèle : "de toute ma carrière je n’ai jamais vu cela, je n'ai pas mémoire d'avoir vu une instruction à ce point à décharge".

Et l'avocat d'ajouter : "C'est incongru en matière de délais, en matière de frais [...] de là à penser que ce premier rapport ne correspondait pas aux espoirs du magistrat instructeur, il n'y a qu'un pas que je franchis." "Avec cette magistrate tout est sujet à débat", abonde Me Muriel Ouaknine-Melki qui dénonce notamment son refus d'organiser une reconstitution.

"Pas de procès en cour d'Assises". "La conséquence de cette abolition de discernement n'est pas neutre, s'il n'y a pas de discernement, il n'y aura pas de procès en cour d'Assises", ajoute Me Oudy Bloch qui prévient que l'homme serait alors interné en psychiatrie mais qu'"avec les progrès de la science, une fois qu'il sera considéré comme non dangereux, il ressortira et donc nous nous retrouverons avec une hospitalisation dont personne ne contrôle la durée".

Rappelant que la magistrate "a mis plus de cinq mois à retenir le caractère antisémite de cet assassinat", les avocats réclament "un juste milieu" dans le traitement de cette affaire et n’excluent pas de demander le dépaysement de ce dossier. Une troisième expertise psychiatrique a été ordonnée.