Mediator : Servier et l'Agence du Médicament renvoyés devant le tribunal correctionnel

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avec AFP , modifié à
Le groupe pharmaceutique est renvoyé pour "tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d'influence".

Les juges d'instruction ont renvoyé mardi devant le tribunal correctionnel de Paris les laboratoires Servier et l'Agence du médicament dans le volet principal du scandale du Mediator. Conformément aux réquisitions du parquet, les juges ont ordonné le 30 août le renvoi en correctionnelle du groupe pharmaceutique pour "tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d'influence", a indiqué cette source.

Après six années de batailles procédurales, la perspective d'un grand procès se rapproche dans le scandale sanitaire du Mediator. S'il a lieu, il se tiendrait en l'absence du principal protagoniste, Jacques Servier, fondateur des laboratoires, mort en 2014 à 92 ans.

L'ANSM renvoyée pour "blessures et homicides involontaires." Conformément aux réquisitions du parquet de Paris, les juges d'instruction ont ordonné le 30 août le renvoi en correctionnelle du groupe pharmaceutique pour "tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d'influence", a indiqué cette source. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est également renvoyée devant le tribunal pour "blessures et homicides involontaires".

Au total, le parquet avait demandé un procès pour onze personnes morales et quatorze personnes physiques dans son réquisitoire du 24 mai. Les Laboratoires Servier ont dénoncé dans un communiqué une instruction "tronquée". "L'action de l'Agence du médicament, de ses hauts fonctionnaires et de sa tutelle ministérielle a été occultée, alors que le Mediator était sous enquête nationale de pharmacovigilance de 1995 jusqu'en 2009", ont déclaré les laboratoires.

Entre 1.500 et 2.100 décès. Prescrit pendant plus de 30 ans à cinq millions de personnes en France, le Mediator, un antidiabétique largement détourné comme coupe-faim, a été retiré du marché en novembre 2009. Dans son réquisitoire de près de 600 pages, le parquet estimait que les laboratoires avaient mis en place une "stratégie" pour dissimuler son caractère anorexigène.

Ils n'avaient pas signalé les risques d'hypertension artérielle pulmonaire, une pathologie rare incurable, et ceux de graves lésions des valves cardiaques (valvulopathies) qui lui étaient imputables. Le parquet, en se basant sur la dernière expertise judiciaire, avait chiffré entre 1.520 et 2.100 le nombre de décès à long terme causés par le Mediator.