Six mois de prison avec sursis requis contre Guérini

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avec Nathalie Chevance et AFP , modifié à
Le procès de Jean-Noël Guérini s'est ouvert lundi à Marseille. Le sénateur et président du conseil général est soupçonné de détournement de fonds publics.

Une peine de six mois d'emprisonnement avec sursis et d'un an d'inéligibilité a été requise à l'encontre du sénateur et président du conseil général des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini et de son ex-collaborateur Jean-David Ciot, député PS, poursuivis pour détournement de fonds publics. Les deux hommes comparaissaient lundi matin à Marseille dans cette affaire considérée comme secondaire, au regard des autres dossiers judiciaires qui l'attendent.

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Jean-Noël Guérini risque la prison et l'inéligibilité. Le tribunal correctionnel de Marseille doit déterminer si, oui ou non, les 65.000 euros d'indemnités versés à son ex-collaborateur Jean-David Ciot lors de son licenciement au printemps 2011, après neuf années passées dans le cabinet de président du conseil général, constituent un détournement de fonds publics. Dans cette affaire, Jean-David Ciot est quant à lui poursuivi pour "recel de détournement de fonds publics". S'ils sont reconnus coupables, les deux parlementaires risquent la prison - 10 ans pour Jean-Noël Guérini - et l'inéligibilité.

La justice soupçonne un licenciement de complaisance, une démission arrangée pour permettre à Jean-David Ciot de se présenter aux législatives en 2012, ce que nient fermement les deux hommes. M. Ciot soutient que ce licenciement, décidé par ailleurs sans délai de préavis, lui a été imposé. La date du licenciement, le 26 mai 2011, moins de deux mois après le renouvellement de son contrat de cabinet, intrigue les enquêteurs.

Une escroquerie pour financer les législatives ?  En juillet de la même année, M. Ciot avait succédé à Jean-Noël Guérini à la tête de la fédération PS, puis avait remporté en 2012 les législatives contre la députée UMP sortante, Maryse Joissains. Selon une source proche du dossier, il s'agit bel et bien d'escroquerie, faite au détriment du conseil général pour permettre à Jean-David Ciot de payer sa campagne électorale et de quitter ses fonctions au moins six mois avant les législatives comme l'exige la loi.

L'un de ses avocats, Me Mattei, a dénoncé une affaire exhumée pour que Jean-Noël Guérini passe rapidement à l'audience. "Les dossiers concernant le conseil général des Bouches-du-Rhône sont très anciens, on a investigué sur des centaines d'affaires", a-t-il expliqué au micro d'Europe 1. "Et curieusement, on exhume de tous ces dossiers celui d'un licenciement d'un collaborateur de cabinet avec une précipitation qui interroge. C'est étonnant", a-t-il poursuivi.

Jean-Noël Guérini avait devancé en avril son exclusion en démissionnant du parti socialiste pour fonder dans la foulée son mouvement politique, "La Force du 13". Il avait été réélu sénateur fin septembre, après avoir œuvré à la victoire de l'UMP Jean-Claude Gaudin à la mairie de Marseille contre ses anciens amis socialistes. Lors des sénatoriales, Jean-Noël Guérini avait également réussi à faire entrer deux de ses proches, alors que son ancien parti n'a sauvé qu'un seul de ses cinq sièges. Cette victoire aux sénatoriales le positionne déjà comme un adversaire redoutable aux élections départementales de mars 2015. Même condamné, Jean-Noël Guérini pourra s'y présenter s'il fait appel.

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