Maltraitance chez l’enfant : comment la repérer et réagir ?

© MLADEN ANTONOV / AFP
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A.D
Roland Perez, avocat et Stéphane Clerget, pédopsychiatre, ont donné plusieurs pistes pour ne pas rester silencieux face aux cas de maltraitance sur l'enfant.

A Bruxelles, juste après Noël, un petit garçon avait été retrouvé dans un état "très critique" par les secours après avoir passé une quinzaine d'heures enfermé en pyjama sur le bacon du domicile familial en guise de punition. Et ce cas n'est pas isolé : 10% des enfants en France subiraient des maltraitances. Deux spécialistes, Roland Perez, avocat, et le pédopsychiatre Stéphane Clerget, étaient les invités d'Allô Europe 1 pour expliquer comment réagir face aux cas de maltraitance mercredi matin.

>> Plusieurs types de violences

Plusieurs sortes de violences peuvent porter préjudice à l'enfant dans son développement et dans son équilibre affectif. "Cela peut être des coups, des agressions sexuelles. Cela peut être de la maltraitance psychologique : des reproches, des humiliations. La maltraitance, c'est aussi des carences affectives, d'hygiène ou simplement de disponibilité", décrit Stéphane Clerget, pédopsychiatre.

La fessée, désormais interdite légalement, n'est pas considérée comme un maltraitance mais plutôt comme une violence éducative. "Il ne faut pas mettre sur le même plan une fessée donnée sous le coup de l'angoisse ou de la colère et des fessés ou gifles régulières."

>> Reconnaître la maltraitance

Des facteurs de risque - évidemment non systématiques - augmentent la probabilité d'être un parent maltraitant : "être un parent très jeune, avoir subi un déni de grossesse, les prises d'alcool et de produits toxiques, tout ce qui peut toucher à l'estime de soi du parent, et enfin le fait que le parent ait lui même été maltraité, énumère Stéphane Clerget. De bons parents, en difficulté personnelle, peuvent devenir de façon circonstancielle des parents maltraitants et il faut aussi les aider, les soigner", ajoute le spécialiste.

Les violences physiques se repèrent plus facilement (comme les bleus...), les violences psychologiques son plutôt "repérées à l'école parce que ce sont des enfants tristes qui ont des difficultés scolaires et relationnelles. Ils peuvent aussi être maltraités ou à l'inverse être maltraitants à l'école." Ces souffrances ont pour conséquence de ruiner l'estime de soi, un état difficile à "réparer" pour l'enfant devenu adulte, ajoute le pédopsychiatre.

>> Comment signaler 

Contacter par téléphone le 119 permet de dialoguer avec des professionnels médicaux et des membres d'associations habilitées, rappelle Roland Perez. Ces professionnels vont pouvoir aiguiller, écouter et débusquer des signes qui laissent penser qu'un enfant est maltraité. "Un signalement n'est pas une plainte", souligne le conseil. La législation a d'ailleurs évolué pour que des professionnels de santé - notamment - puissent effectuer des signalements sans être inquiétés pour dénonciation calomnieuse.

Les signalement peuvent se faire auprès du procureur de la République, du juge des enfants, des associations et enfin du numéro 119 qui va établir un lien avec des autorités.