Suppression de l'ENA : les étudiants qui préparent le concours d'entrée défendent leur "passion" du service public

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François Geffrier, édité par Romain David
La suppression de l'école nationale d’administration, qui aurait dû être annoncée lundi soir, est un coup dur pour les candidats qui potassent l'un des concours les plus difficiles à passer de l’enseignement supérieur.

Elle est l’un des symboles des élites politiques. L’ENA - l'école nationale d’administration -, dont sont issus Emmanuel Macron et plusieurs membres de l'exécutif comme Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Florence Parly, et une partie des directeurs de cabinet du gouvernement, aurait dû voir sa suppression annoncée lundi soir. Même si l'allocution du président de la République a été annulée du fait de l’incendie à Notre-Dame, cette annonce reste très difficile à entendre pour les étudiants qui rêvent de l'intégrer et préparent en ce moment le concours d’entrée.

Des années qu’elle en rêve, et des mois qu’elle prépare le concours. À la sortie d’un amphithéâtre surchauffé de l’université Paris 1, dans le Quartier Latin, Éléonore, 29 ans, se désole de la possible suppression de l’ENA. "C'est quelque chose de difficile à préparer. Il y a des gens qui font des prêts, d'autres qui retournent chez leurs parents", explique-t-elle. "La plupart des gens prépare le concours par passion."

Arnaud, 28 ans, originaire de Grenoble, se montre plus confiant. "Potentiellement, si une suppression est actée, on passera entre les gouttes. On sera, en quelque sorte, les derniers de cet ancien monde", relève-t-il.

Au service de l'Etat

L’ENA a été beaucoup critiquée aussi par des "gilets jaunes", accusant ses anciens élèves d’être coupés des réalités de la France. À 25 ans, Benoît, veut prouver qu’on peut être énarque et garder les pieds sur terre. "Etant fils de paysan et de femme de ménage, il est assez difficile d'être déconnecté de la réalité. Ici, on est en fin de parcours, l'écrémage a déjà été fait."

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Arnaud Teyssier, leur professeur de questions contemporaines, lui-même sorti de l’ENA en 1992, tient à défendre la sincérité de ces étudiants. "Tous ceux qui sont là ont la vocation du service public", assure-t-il. "Ils se rendent compte que la société est malade et que l'on a besoin de fonctionnaires bien formés et engagés." Ses élèves n'ont plus que quatre mois pour préparer le concours d'entrée, ou se préparer à prendre des vacances forcées… si ce concours venait à être annulé.