Le ministère de l’Intérieur décore des policiers mis en cause dans les violences contre les gilets jaunes : "Il y a la présomption d’innocence"

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Salomé Legrand, édité par Romain David
Alors que le ministère de l'Intérieur vient de décorer plus de 9.000 policiers et gendarmes ayant participé aux opérations de maintien de l'ordre pendant la crise des "gilets jaunes", Mediapart révèle que plusieurs noms sont cités dans des affaires de violences policières. 

Une "promotion gilets jaunes" au sein des forces de l’ordre. Le ministère de l’Intérieur a décoré le 16 juin 9.162 policiers et gendarmes de la médaille de la sécurité intérieure pour leur engagement dans le maintien de l’ordre depuis le 17 novembre et le début des manifestations. Mais parmi eux, Mediapart pointe au moins cinq noms qui seraient impliqués dans des affaires de violences policières.

Dans l’entourage de Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, on rappelle qu’il est courant de récompenser les forces de l’ordre mobilisées sur de grands événements, comme cela avait été le cas après l’Euro 2016. Quant aux noms signalés par Mediapart, aucun n’est mis en examen, martèle la place Beauvau.

"Il est impossible de tout vérifier"

Il y a bien l’un des capitaines auditionnés dans le cadre de l’enquête sur le décès de Zineb Redouane, cette octogénaire morte en décembre à Marseille, après avoir été touchée à sa fenêtre par une grenade lacrymogène. "Une audition seulement comme témoin", souligne les services du ministre. Ceux-ci confirment aussi que le commissaire en charge des opérations de maintien de l’ordre à Nice, le jour où la retraitée Geneviève Legay a été blessée, est bien dans la liste, tout comme sa compagne qui, quant à elle, n’était pas sur le terrain ce jour-là. "Avec près de 10.000 noms, il est impossible de tout vérifier", nous glisse-t-on.

Les décorations pourront être retirées

"Il y a de toute façon, la présomption d’innocence", veut rappeler au micro d’Europe 1 Grégory Joron, du syndicat policier Unité SGP. "Ce que je trouve déplorable, c’est que ces fonctionnaires sont jetés en pâture à le vindicte populaire. Je trouve ça choquant de pointer du doigt ce genre de choses tant que les procédures ne sont pas terminées", s’agace-t-il. De son côté, le ministère précise que tout décoration remise à tort sera retirée, voire même dès le stade de la mise en examen si cela venait à se produire.