Le métier d’herboriste pourrait redevenir légal : "Il y a une vraie filière économique"

L'arnica est très utilisé en herboristerie.
L'arnica est très utilisé en herboristerie. © JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
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Thibauld Mathieu , modifié à
Un rapport parlementaire a livré mercredi au Sénat ses recommandations en matière de culture, transformation et vente-conseil de plantes médicinales. C'est toute une filière qui pourrait être réhabilitée.

Alors que les homéopathes vivent des heures compliquées, les herboristes, eux, croient en leur renaissance : leur métier pourrait en effet bientôt redevenir légal. Mercredi, le Sénat a rendu publiques les recommandations de sa mission d'information. "Il y a une vraie filière économique à soutenir", souligne ainsi sa présidente Corinne Imbert au micro d'Europe 1.

Un métier officiellement disparu depuis 1941. Depuis 1941 et la suppression du certificat d’État d’herboristerie par le régime de Vichy, au profit de la création d’un ordre des pharmaciens, vendre des plantes médicinales en France est illégal. En partie du moins : sur les 562 plantes inscrites à la pharmacopée française, seules 148 sont en vente libre, comme le romarin ou la menthe, essentiellement en raison de leur utilisation alimentaire ou condimentaire. Plusieurs herboristes français doivent ainsi répondre devant la justice pour "exercice illégal de la pharmacie", même s'ils peuvent parfois compter, comme lors du "procès de la prèle" en 2007, sur le soutien de l’Union européenne.

Cinq écoles en France. "Le sujet, c'est qu'il y a aujourd'hui cinq écoles d'herboristerie en France, dont le diplôme n'est pas reconnu par l'État, et il y a une attente de leur part", explique la sénatrice LR de Charente-Maritime Corinne Imbert, au micro de Matthieu Belliard.

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"Environ 80% des plantes achetées en France sont importées". Et l'un des principaux arguments avancé par les herboristes est d'ordre économique. "Environ 80% des plantes achetées en France sont importées. Il y  a un vrai sujet", estime la parlementaire. "Nous avons un territoire national qui permet la production de plantes de qualité. Et il y a aussi une vraie richesse en outre-mer."

Un marché en expansion. Michel Pierre, lui, dirige l’herboristerie du Palais Royal, à Paris. Sur Europe 1, ce préparateur en pharmacie de formation constate que "de plus en plus de gens viennent acheter des plantes médicinales et veulent essayer de trouver des solutions pour se soigner sans être malade par la suite."

Une volonté "d'encadrer" l'herboristerie. Pour Corinne Imbert, il est cependant hors de question de "banaliser les plantes médicinales. Ce n'est pas parce que c'est naturel que c'est sans danger", insiste-t-elle. "Il y a quand même des cas d'intoxication à cause d'un mésusage des plantes, des interactions médicamenteuses entre des plantes et des traitements anti-cancéreux". Une mise en garde "exagérée", pour Michel Pierre, qui y voit aussi une raison "d'encadrer cette profession pour que le public ait en face de lui des personnes compétentes pour répondre à ses demandes".

Si beaucoup de propositions ont émergé depuis 1941, "c'est la première fois que je crois en ce projet", lance ce passionné de plantes. Une pétition en ligne signée par de nombreuses organisations, dont la Fédération nationale d'agriculture biologique, la Fédération des paysans herboristes, l’école des Plantes de Paris ou Nature & Progrès, ainsi que par un petit nombre de médecins et pharmaciens, a déjà recueilli près de 30.000 signatures.