Marilyn Baldeck, déléguée générale de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail
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C.P.
L'affaire de harcèlement sexuel mettant en cause Denis Baupin secoue actuellement le monde politique et révèle une chose : le harcèlement sexuel au travail n'est pas rare. 

20% des femmes concernées. L'affaire de harcèlement sexuel mettant en cause l'élu vert Denis Baupin secoue actuellement le monde politique et révèle une chose, le harcèlement sexuel au travail n'est pas un fait rare. La dernière enquête sur le harcèlement sexuel, commandé par le Défenseur des Droits, révèle que 20% des femmes y ont été confrontées au moins une fois. Des chiffres qui sont d’ailleurs dans les mêmes proportions que les violences conjugales.

"Un environnement hostile et humiliant". "La définition du harcèlement sexuel a été revue et corrigée en 2012 par une nouvelle loi qui correspond bien à la réalité vécue par les femmes, à savoir le fait d’imposer des propos et des comportements à connotation sexuelle, au moins une fois. Des propos qui portent atteinte à la dignité et qui créé un environnement intimidant, hostile, humiliant et offensant", a expliqué mardi matin sur Europe 1, Marilyn Baldeck, la déléguée générale de l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). 

"Souvent pris à la légère". La déléguée générale de l'AVFT conseille donc à toutes les femmes qui en sont victimes d'en parler autour d'elles, même si, elle l'admet, "les femmes osent parler mais le problème vient plutôt de la surdité de leurs interlocuteurs qui ne veulent pas les entendre, car entendre suppose d’agir". Selon elle, il est donc "encore compliqué de dénoncer des faits de harcèlement sexuel qui sont souvent pris à la légère et à la rigolade" car, "on a tendance à dire : 'est-ce la femme qui ne l’aurait pas un peu cherché ?'".

A qui s’adresser ? "Il y a une panoplie d’acteurs qui sont compétents en matière de harcèlement sexuel. La victime peut tout d'abord aller voir le médecin du travail qui a compétence pour intervenir auprès de l’employeur. Elle peut aussi saisir l’inspection du travail, chargée de faire respecter la réglementation et il peut également y avoir dans les grandes entreprises des délégués et des représentants du personnel", a détaillé Marilyn Baldeck. Si la délégué générale de l'AVFT a donc un conseil à donner c'est, "qu'il faut en parler à un maximum de personnes et conserver toutes les traces, que ce soient des textos, des mails ou des messages vocaux. Il faut en quelque sorte tenir un journal de bord".

Que risque un harceleur ? Un harceleur risque jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende. "Une peine qui peut se voir augmentée en cas de circonstances aggravantes telles qu’un abus d’autorité", a ajouté Marilyn Baldeck. Et, sachez également que la prescription des faits est de trois ans. Au delà, le harceleur ne sera plus inquiété par la justice.  

Plus rare, les hommes peuvent également dénoncer des faits de harcèlement sexuel car cette situation n’est pas réservée aux femmes. Et dans la plupart des cas, cette situation met en cause d’autres hommes.