Le "grand débat national" en prison : "J'y ai participé, mais j'ai l'impression d'être hors du temps"

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Yasmina Kattou, édité par Romain David , modifié à
Une centaine de réunions doivent être organisées en milieu carcéral dans le cadre du "grand débat national". Europe 1 a suivi l'une d'entre elles dans le quartier pour femmes de la prison de Riom.
REPORTAGE

Le "grand débat national", c'est aussi en prison. Cette semaine, 110 débats sont prévus en milieu carcéral. Europe 1 s'est rendu au centre pénitentiaire de Riom, dans le Puy-de-Dôme, où les détenus se sont mobilisés pour l'occasion. Trois débats ont ainsi déjà eu lieu au sein de la prison.

"Les services publics, on les ferme de plus en plus". Barreaux aux fenêtres, la petite salle réservée aux activités dans le quartier pour femmes de la prison s'est transformée en agora. Quinze détenues prennent place sur des chaises en rang, comme dans une classe. Il n'est pas question ici d'aborder les conditions carcérales, mais, comme dans les autres réunions publiques, de parler fiscalité, services publics, ou encore de démocratie.

"Les services publics, on les ferme de plus en plus. Tout se passe par Internet. Il devrait y avoir une aide", suggère ainsi une détenue. Il est également question de la transition écologique. "On a trop de plastique", relève une femme. La petite assemblée demande alors, à l'unanimité, la mise en place du tri sélectif en prison.

>> De 7h à 9h, c’est deux heures d’info avec Nikos Aliagas sur Europe 1. Retrouvez le replay ici

"J'ai l'impression d'être hors du temps". Enfermée depuis six ans, Cynthia a inscrit la majorité des participantes. Malgré son implication, cette trentenaire reste sceptique sur les débouchés de l'exercice. "Ça m'a intéressée. J'y ai participé, mais j'ai l'impression d'être hors du temps", explique-t-elle. "Je comprends ce que sont les "gilets jaunes", mais je ne sais pas réellement ce que c'est. Je me demande où est l'intérêt de venir nous demander ce genre de choses… Pour moi, qui suis à l'intérieur, ça ne change rien."

Après deux heures d'échanges un peu houleux, la parenthèse citoyenne se referme avec l'heure de la promenade. L'occasion aussi pour certaines de poursuivre les échanges…