Le broyage des poussins mâles interdit, un délai d'adaptation accordé à la filière

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Didier Guillaume avait promis que cette pratique serait interdite d'ici fin 2021 (Illustration). © Frederick FLORIN / AFP
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Europe 1 avec AFP
Le broyage des poussins mâles à la naissance a été interdit par un décret paru ce dimanche au Journal officiel. Le gouvernement laisse aux couvoirs français jusqu'à fin 2022 pour changer leurs pratiques et ils ont jusqu'au 1er mars pour montrer qu'ils ont bien commandé des matériels d'ovosexage.

L'élimination des poussins mâles à la naissance dans la filière des poules pondeuses est interdite par le gouvernement qui laisse aux couvoirs français jusqu'à fin 2022 pour changer leurs pratiques, selon un décret paru ce dimanche au Journal officiel. Cette mesure, réclamée notamment par les associations de défense des animaux, était attendue depuis plusieurs années en France, premier producteur d'oeufs en Europe.

Cinq couvoirs concernés

On estime qu'environ 300 millions de "frères" de poules sont tués chaque année dans l'Union européenne, dont 50 millions en France, car incapables de pondre les oeufs qui finiront dans nos assiettes. Cinq couvoirs spécialisés dans la fourniture de poules pondeuses aux éleveurs sont concernés. Certains ont commencé à installer des machines permettant de déterminer le sexe des embryons dans l'oeuf (ovosexage) - et donc d'éliminer les mâles avant éclosion.

"Les exploitants justifient du respect de la mise en oeuvre de l'interdiction (...) par la mise en place de matériels permettant de déterminer le sexe de l'embryon au plus tard le quinzième jour d'incubation [sur 21, ndlr], ou par tout autre moyen apportant des garanties équivalentes", selon le décret.

Jusqu'au 1er mars pour commander des matériels d'ovosexage

Dès 2019, dans l'optique d'accélérer la recherche d'options alternatives par les entreprises, le ministre de l'Agriculture d'alors, Didier Guillaume, avait promis que cette pratique serait interdite d'ici fin 2021. Mais le dossier n'a pas avancé aussi vite qu'espéré. La mise à mort des poussins mâles est interdite depuis le début de l'année en Allemagne, où ont été mises au point les machines d'ovosexage dont les industriels français doivent aujourd'hui s'équiper. La filière française avait mis en garde contre une interdiction rapide, mettant en avant notamment des surcoûts importants.

L'Etat doit subventionner une partie des investissements des couvoirs, chiffrés à 15 millions d'euros. Quant à la prestation d'ovosexage elle-même, elle rendra les futures poules nettement plus chères. Un surcoût annuel estimé par la profession à 64 millions d'euros, soit 4% du chiffre d'affaires de la filière. Selon le décret, qui prévoit une amende pour les contrevenants, les couvoirs ont jusqu'au 1er mars pour montrer qu'ils ont bien commandé des matériels d'ovosexage.