L'Assemblée valide le retour des néonicotinoïdes, record de contestataires chez LREM

L'Assemblée a validé le projet de loi sur les néonicotinoïdes par 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions.
L'Assemblée a validé le projet de loi sur les néonicotinoïdes par 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions. © GONZALO FUENTES / AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP
Afin de lutter contre la "jaunisse" de la betterave qui affecte les rendements, le projet de loi prévoit une dérogation pour l'utilisation de ces insecticides tueurs d'abeilles jusqu'en 2023. Seuls 175 des 271 membres du groupe macroniste ont voté en faveur du texte, un record de "fronde". 

Contestation record dans la majorité : l'Assemblée nationale a donné mardi son feu vert à la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes afin de sauver la filière betteraves mais 32 députés LREM ont voté contre et 36 se sont abstenus. Seuls 175 des 271 membres du groupe macroniste ont voté en faveur du texte.

Le précédent record de "fronde" avait été atteint en juillet 2019, lors de la ratification du traité de libre-échange entre l'UE et le Canada (Ceta), lorsque neuf députés LREM avaient voté contre et 52 s'étaient abstenus. Au total, l'Assemblée a validé le projet de loi sur les néonicotinoïdes par 313 voix pour, 158 contre et 56 abstentions. L'ensemble de la gauche a voté contre, une majorité des LR et MoDem pour, mais la plupart des groupes se sont partagés.

Une dérogation jusqu'à 2023

Afin de lutter contre la "jaunisse" de la betterave qui affecte les rendements, le texte prévoit une dérogation pour l'utilisation de ces insecticides tueurs d'abeilles jusqu'en 2023, la création d'un conseil de surveillance et l'interdiction, sur des parcelles où ont été utilisés des néonicotinoïdes, d'implanter des cultures attirant les abeilles afin de ne pas les exposer.

Dénoncé comme "un renoncement" ou une faute par la gauche et les écologistes, le retour des néonicotinoïdes est la seule "alternative", selon le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie qui fait de la survie de la filière betteraves un enjeu de "souveraineté" agroalimentaire.

Le député LREM de la Creuse Jean-Baptiste Moreau a encore estimé mardi que le projet de loi était une "réponse pragmatique à la situation catastrophique dans laquelle se trouve la filière de la betterave française", confrontée à une "impasse technique monumentale". "Si nous ne faisons rien, la filière est menacée de disparaître car faute de solution, (les betteraviers) planteront autre chose que de la betterave", a complété le député, agriculteur de profession.

Greenpeace fustige une "régression écologique majeure"

A front renversé, la députée Ecologie Démocratie et Solidarité (EDS) Delphine Batho a fustigé un "vote qui tourne le dos à des années de travail, à des années de combat avec les apiculteurs (...) qui se sont mobilisés pour interdire les néonicotinoïdes" et un "impact monstrueux de ces poisons". "Il y a des votes qui échappent à la logique partisane car ils participent à des choix éthiques", avait fait valoir l'ex-ministre de l’Environnement à l'occasion de son explication de vote.

Les réactions à ce vote ont été aussitôt nombreuses: la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) "salue l’initiative du gouvernement qui s’engage avec courage et ambition pour pérenniser la filière betterave sucre gravement menacée", dans un communiqué. Une "décision responsable", également applaudie par le producteur de sucre Cristal Union. Greenpeace a de son côté fustigé une "régression écologique majeure".