Lait contaminé : d'autres bactéries étaient présentes dans l'usine Lactalis

Après le scandale lié à la contamination à la salmonelle agona, Lactalis avait été contraint d'arrêter sa production à Craon en décembre 2017.
Après le scandale lié à la contamination à la salmonelle agona, Lactalis avait été contraint d'arrêter sa production à Craon en décembre 2017. © DAMIEN MEYER / AFP
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avec AFP , modifié à
Des documents font état de la présence de longue date de salmonelles non recherchées jusqu'à présent, et susceptibles d'avoir contaminé d'autres enfants. 

Le scandale du lait contaminé qui a éclaté en décembre 2017 n'avait évoqué que la "salmonella agona", responsable de l'intoxication de 38 nourrissons. Mais selon des documents étudiés par Le Parisien et Marianne et qu'Europe 1 a pu consulter, l'entreprise aurait dissimulé la présence d'une quinzaine d'autres bactéries, toutes aussi dangereuses pour la vie des tout-petits. 

"L'usine de Craon doit fermer définitivement", a réagi le président de l'association des familles victimes du lait contaminé Quentin Guillem dans un communiqué. Cette usine doit fermer "au vu de la présence d'une dizaine de type de salmonelles pendant plus de dix ans, de l'incompétence de Lactalis pour les anéantir et des services de l'État d'assurer les contrôles nécessaires pour garantir des produits sains" a-t-il affirmé dans un communiqué. Il s'appuie sur les documents fournis par la préfecture de la Mayenne.

Une centaine de tests positifs aux salmonelles entre 2005 et 2017. Sur l'ensemble des autocontrôles effectués dans cette usine par Lactalis depuis 2005, "une centaine sont positifs aux salmonelles entre 2005 et 2017, dont une dizaine sur des produits eux-mêmes dont on ne sait pas ce qu'ils sont devenus", a affirmé Quentin Guillemain. "On a potentiellement rendu malades des enfants sans que personne ne soit informé", a-t-il regretté. Jusqu'à présent, la salmonelle recherchée était la salmonella agona. Mais, insiste le président de l'AFVCLS (qui compte 800 adhérents), la présence d'une "dizaine d'autres types de salmonelles", autres que la agona, a été identifiée lors de ces autocontrôles. À ce sujet, "personne n'a fait d'analyses pour vérifier que des enfants n'avaient pas été contaminés", souligne-t-il.

lactalis

Capture d'écran/Europe1

De nouvelles analyses reçus début janvier. En janvier dernier, dans un entretien avec Les Échos, le patron de Lactalis Emmanuel Besnier avait dit "ne pas pouvoir exclure que des bébés aient consommé du lait contaminé" entre 2005 et 2017, puisque des salmonelles ont été trouvées "dans l'environnement" de l'usine durant cette période, sans préciser qu'il s'agissait ou pas de salmonelles agona. "Nous avons reçu en début d'année 2018 des analyses de selles d'enfants suite à un appel à témoins que nous avions lancé auprès des familles fin 2017 et dans ces analyses figurent d'autres types de salmonelles (que la agona, ndlr) qui sont dans la liste des bactéries retrouvées lors des autocontrôles faits par Lactalis", a ajouté Quentin Guillemain.

Une information judiciaire ouverte en octobre dernier. Après le scandale lié à la contamination à la salmonelle agona, Lactalis avait été contraint d'arrêter sa production à Craon en décembre 2017 et de rappeler en janvier 2018 l'ensemble de la production de lait infantile de cette usine, distribuée dans 83 pays. Lactalis assure que le phénomène de contamination a "toujours été limité à la tour 1" de l'usine qui a été depuis définitivement fermée. La tour 2 a repris en juillet dernier. Les salmonelloses sont des intoxications alimentaires, qui vont de la gastroentérite bénigne à des infections plus graves, notamment pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou affaiblies. En octobre dernier, le pôle santé publique du parquet de Paris a ouvert une information judiciaire contre X dans cette affaire.