Lafarge en Syrie : l'ONG Sherpa dépose plainte pour entrave à la justice

Le groupe Lafarge, racheté par Holcim, a été visé par une perquisition en novembre.
Le groupe Lafarge, racheté par Holcim, a été visé par une perquisition en novembre. © THOMAS SAMSON / AFP
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avec AFP , modifié à
Le cimentier Lafarge est accusé par l'ONG Sherpa de ne pas collaborer avec la justice, en ayant soustrait des documents ou endommagé des ordinateurs. 

L'ONG Sherpa, partie civile dans l'enquête pour financement du terrorisme qui vise le groupe Lafarge, a déposé plainte contre X pour entrave à la justice, accusant le cimentier de ne pas collaborer avec les enquêteurs, a appris l'AFP mardi de source proche du dossier. Lors de la perquisition les 14 et 15 novembre à Paris chez Lafarge, mis en cause pour avoir financé des groupes djihadistes en Syrie - dont le groupe État islamique - pour continuer à faire tourner sa cimenterie dans le pays en guerre, les enquêteurs se sont heurtés à "une volonté de voir la manifestation de la vérité entravée et empêchée", relève l'association dans sa plainte, également révélée par L'Express et dont l'AFP a eu connaissance.

Des documents manquants lors de la perquisition. L'ONG s'appuie sur plusieurs procès-verbaux rédigés par les enquêteurs. Cette perquisition s'est déroulée dans "un climat de tension permanente", notent-ils le 17 novembre. "Un certain nombre de documents dont l'existence est avérée (...) étaient manquants : les PV du conseil d'administration s'arrêtaient en juin 2013, juste avant la période intéressant l'enquête en cours. Dans les classeurs des rapports d'audit, les fiches détaillées sur la Syrie avaient disparu", soulignent-ils. Lafarge "ment quand il affirme pleinement collaborer avec les enquêteurs", avait dénoncé en décembre lors d'une conférence de presse, Marie Dosé, avocate de l'ONG qui représente onze anciens employés syriens de l'usine. Avant la perquisition, "les ordinateurs ont été passés à l'eau de Javel pour empêcher la justice de travailler", avait-elle accusé.

Lafarge conteste. "Nous contestons fermement que la société ait cherché à restreindre de quelque manière que ce soit le droit de ses employés ou ex-employés de se défendre dans une procédure judiciaire", a déclaré à l'AFP une porte-parole du cimentier. "Des milliers de pièces ont été remises aux juges par le groupe ou saisies à l'occasion de la perquisition", a-t-on ajouté. Six cadres et responsables du cimentier ont été mis en examen en décembre pour "mise en danger de la vie d'autrui" et "financement d'une entreprise terroriste", dont l'ex-PDG de Lafarge Bruno Lafont et l'ex-directeur général de LafargeHolcim, Éric Olsen, une première pour de grands patrons français.