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Lundi, dans l'émission "Sans Rendez-Vous", la sexologue Catherine Blanc répond à une auditrice qui se demande si ne pas aimer les mots crus pendant l'amour fait d'elle une personne prude. 
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Les mots crus pendant l'amour ne sont pas source d'excitation pour tout le monde. Mardi, au micro de Mélanie Gomez, dans Sans Rendez-Vous, l'émission santé d'Europe 1, la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc répond à une auditrice qui s'interroge sur la signification des mots crus que lui adresse son partenaire sexuel. 

La question d'Angèle 

Je suis en couple depuis trois mois, mon partenaire emploie des mots crus à mon intention en me faisant l’amour. Je ne sais pas très bien qu’en penser, je ne crois pas que ce soit source d’excitation et cela me fait même m’interroger quant à mon regard sur moi. Serais je trop prude, comme il le prétend ?

La réponse de Catherine Blanc

Si ça ne lui convient pas, la moindre des choses, c’est déjà de le dire. Sur tous les sujets qui relèvent de la sexualité, dès lors que quelque chose nous gêne, la question n’est pas de savoir si on est prude ou pas. C’est notre limite, et notre limite est à respecter.

Il n'y a pas de normalité. D’abord, il faut comprendre d’où ces mots viennent. Pour la plupart, malheureusement ils viennent d'un de l’idée qu’on se fait de la sexualité via la pornographie. Du coup, on s’approprie l’idée que ce serait "fun" et excitant, parce qu’un film le dit. Et puis ça peut aussi être non intentionnel, plutôt fulgurant. Car la sexualité est une histoire de pulsion, avec de la force, voire de l’agressivité, qui n’est pas dirigée vers son partenaire à qui l’on voudrait du mal. C’est plutôt nos peurs, nos désirs, notre agressivité, qui s’expriment à ce moment là et qui nous font prononcer des mots qui n’auraient pas lieu d'être hors du cadre de la sexualité.

Ce n'est pas une histoire de violence. Nous sommes tous porteurs d'une agressivité au quotidien. Il y a un désir de posséder l’autre, et un besoin de justifier cette envie. Une certaine "maltraitance" de l’autre par le verbe donne la possibilité de s’autoriser cette agressivité. Ça ne relève pas forcément d’une volonté consciente. 

Apprécier ce genre de langage, parfois, ça peut aussi venir avec le temps ? 

Peut-être. Mais pas parce qu’elle se sera habituée, plutôt parce que ça racontera des choses pour elle. Si la relation est de qualité, pleine de tendresse et de bienveillante, ces mots deviennent rigolos car ils se démarquent dans une relation qui a installé un cadre de sécurité et de confiance. C’est quand une relation est maltraitante, éventuellement psychologiquement, que ces mots-là sont l’insulte suprême, puisqu'ils s'expriment dans l'intimité. Et là, il s’agit de malveillance. 

Il lui reproche d’être trop prude...

Il la trouve peut-être prude du point de vue d’un cliché qui est le sien. Peut-être qu'elle l'est, et alors ? Pourquoi ne pourrait on pas être prude dans sa sexualité ? Au contraire, c’est charmant de bousculer quelqu’un qui l’est un peu. Et c’est charmant, aussi, de découvrir qu’en fait il n’y a pas de risque de l’autre côté de la pudeur.