La Manif pour Tous : des milliers de Français (et des politiques) ont défilé

Manif pour tous, paris, octobre 2016 crédit : Eric FEFERBERG / AFP - 1280
Les partisans de la Manif pour tous sont venus nombreux à Paris © Eric FEFERBERG / AFP
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M.R. avec AFP , modifié à
Les militants de La Manif pour tous étaient de retour dans la rue, dimanche, deux ans après leur dernière mobilisation. Les élus du Front national se sont également mobilisés dans les rues de Paris.

"Un père, une mère c'est héréditaire", "La femme ne sera jamais une usine à bébé", après deux ans d'absence, La Manif pour tous, ce mouvement créé en 2013 au moment du vote pour autoriser le mariage homosexuel, était de retour dans les rues de la capitale. Les militants se sont mobilisés de nouveau pour espérer peser sur le résultat de l'élection présidentielle en mai prochain. La préfecture de police a recensé entre 23.000 et 24.000 manifestants, tandis que les organisateurs en ont annoncé 200.000.

Les trois infos à retenir

  • Entre 23.000 à 24.000 personnes, selon la préfecture de police, et 200.000, d'après les organisateurs, ont défilé
  • Des élus du Front national, dont Gilbert Collard, Louis Aliot, Robert Ménard Marion Maréchal-Le Pen, étaient présents
  • Treize interpellations ont eu lieu, dont six Femen

Un retour motivé par la perspective de l'élection présidentielle. À Paris, plusieurs milliers de personnes ont répondu à l'appel de la Manif pour tous dimanche : 23.000 à 24.000 d'après la préfecture de police ; 200.000 d'après les organisateurs. Le mouvement espère, avec cette première manifestation depuis deux ans, peser sur la présidentielle. "Ils avaient dit que la Manif pour tous, c'est du passé, mais nous resterons là jusqu'à l'abrogation de la loi Taubira", ont lancé des organisateurs du haut d'une tribune installée Porte Dauphine, point de départ du cortège qui se rendra au Trocadéro. 

Votée en 2013, la loi Taubira a ouvert le mariage aux personnes du même sexe, suscitant un mouvement de contestation qui, au plus fort, a rassemblé plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale avant de subir un net essoufflement.

Un défilé sous haute sécurité. Personnes âgées ou enfants accompagnés de leurs parents, élus ceints de leur écharpe tricolore, ont commencé à marcher peu avant 14h30 derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire "En 2017, je vote pour la famille". Dans la foule, de nombreux drapeaux tricolores ou des drapeaux rose et bleu aux couleurs du mouvement. Le défilé s'est fait sous haute sécurité : les policiers, très présents, ont barré les artères débouchant sur le parcours, tandis que des membres du service d'ordre filtraient les entrées. Un incident a malgré tout eu lieu :

Près du Trocadéro, des opposants à la Manif pour tous attendaient déjà l'arrivée du cortège. "On veut aller manifester pour lutter contre l'homophobie et le racisme. Ils ne supportent pas qu'on soit différent d'eux et ils veulent nous enlever nos droits", explique Maxime, 26 ans, un drapeau arc-en-ciel en main. 

Treize interpellations. Treize personnes ont été interpellées en marge de la manifestation dont six Femen. Les motifs des sept autres personnes sont : port d'armes prohibées et détention de stupéfiants. 

La GPA et la PMA comme nouveaux chevaux de bataille. Scandant "PMA, GPA, on lâchera pas, tous ensemble pour mener le combat" ou "le ventre des femmes n'est pas à vendre", les manifestants ont suivi le mot d'ordre du rassemblement contre la Procréation médicalement assistée (PMA) "sans père" ou encore le "scandale de la GPA" (Gestation pour autrui). "Nos ventres ne sont pas des caddies", résumait une pancarte brandie par une manifestante. 

PMA "sans père" et GPA sont vues comme des avatars de la loi Taubira, quand bien même le gouvernement s'est opposé à de multiples reprises au recours aux mères porteuses. Et que la gauche n'a pas autorisé la PMA pour les couples de lesbiennes. Michel Delaune, 72 ans, explique, lui, qu'il est là pour lutter contre la "décadence". "Je suis contre le mariage homosexuel et contre le pouvoir merdocratique qui s'oppose au pouvoir du peuple", raconte cet ingénieur retraité. 

Un but : attirer l'attention des candidats à l'élection. La Manif pour tous (MPT), après plusieurs mois de silence médiatique relatif, comptait sur la mobilisation pour montrer aux candidats à la présidentielle de 2017 qu'elle est une force avec laquelle il faut compter. Mais le mouvement peine encore à se faire entendre des candidats à la primaire de la droite, qui ne comptent pas revenir sur la loi Taubira. À l'exception de Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate et partisan de son abrogation, et dans une moindre mesure de François Fillon. L'ancien Premier ministre, qui souhaite amender la loi pour interdire la filiation exclusive d'un enfant par deux personnes de même sexe, a reçu le soutien de Sens commun, émanation de la MPT au sein du parti Les Républicains. 

Des Femen mais pas les personnalités politiques escomptées. Les élus du Front national Gilbert Collard, Louis Aliot et Marion Maréchal-Le Pen ont eux aussi défilé aux côtés des militants, tout comme Hervé Mariton (LR). Parmi les grands absents, on comptait Marine Le Pen, présidente du FN. "Je ne me sens pas obligée de battre le pavé pour exprimer mes positions", a-t-elle expliqué sur BMFTV.

Les Femen étaient également présentes. Six d'entre elles ont été arrêtées au niveau de l'avenue d'Eylau, près de l'arrivée finale du cortège au Trocadéro. Ces militantes arboraient le slogan "Ne plus vous subir". 

En 2012 et 2013, les rassemblements de La Manif pour tous avaient réuni plusieurs centaines de milliers de personnes, suivis d'un net essoufflement après le passage de la loi en mai 2013 (70.000 personnes en octobre 2014 selon la police, 500.000 selon les organisateurs). Mais pour sa présidente Ludovine de la Rochère, la MPT a "un bel avenir, car les familles sont déstabilisées" par le gouvernement de François Hollande, dont le "projet de société" est "individualiste et 'libertariste'".