La langue des signes au service des jeunes enfants : "Il y a moins de colère", selon une auxiliaire en puériculture

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Cédric Chasseur , modifié à
À Quimperlé, à la crèche des Tournesols, on utilise la langue des signes pour interagir avec les enfants. Une méthode habituellement réservée aux personnes sourdes ou malentendantes mais ici développée auprès de jeunes valides. Auréline Benhenni, auxiliaire en puériculture, explique que cette technique permet de limiter la frustration des enfants. 
INTERVIEW

Si la Semaine de l'emploi pour les personnes handicapées, qui débute lundi, permet de valoriser l'insertion professionnelle, elle peut aussi mettre en valeur ce que ces dernières peuvent apporter aux valides. Dans l'éducation par exemple, la langue des signes peut permettre de dialoguer plus facilement avec les enfants en bas âge. Invitée de la matinale d'Europe 1, Auréline Benhenni utilise cette méthode dans la crèche les Tournesols à Quimperlé (Finistère). Et pour l'auxiliaire de puériculture, elle permet d'annuler une certaine frustration chez l'enfant.

Moins de colère

"C'est démontré qu'il y a moins de colère", explique Auréline Benhenni. Comme il y a "un rapport de face à face", l'adulte se montre "plus proche de l'enfant". "Il voit qu'on lui montre de l’intérêt, c'est plus facile pour lui de s'exprimer ensuite, de nous comprendre", décrit l’auxiliaire de puériculture. Une attention qui transforme totalement la relation. Plutôt que de lui parler plus fort, "on va faire du français signé" avec l'enfant, où chaque mot est accompagné d'un geste. Il pourra ainsi "prendre le temps d'observer". Reste que "la syntaxe de la langue des signes est très complexe", relativise Auréline Benhenni. C'est pourquoi la petite fille ou le petit garçon ne fera pas "de phrases complètes", mais juste des "signes de bases", comme des formules de politesse et demander à manger ou à boire. 

Formation auprès d'une employée de la commune

Une démarche, que la crèche de Quimperlé a pu entreprendre grâce à l'aide d'une employée de la commune, "malentendante de naissance". Le personnel a passé une journée complète d'enseignement de la langue des signes. "On a tiré profit de son handicap", se réjouit Auréline Benhenni. Et le résultat est étonnant, puisque les enfants qui ont le plus de mal à parler habituellement se montre les plus bavards. "Ce sont ceux qui enregistrent le mieux", décrypte l'auxiliaire de puériculture pour qui c'est "génial de voir la capacité de ses enfants à mémoriser tous les signes" qu'ils leur proposent.