La grâce présidentielle demandée pour un détenu incarcéré depuis plus de 40 ans

Michel Cardon 1280 AFP
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avec AFP , modifié à
Michel Cardon, 67 ans, est depuis plus de 40 ans sous les verrous. Les experts qui ont examiné son cas en janvier ont eu l'impression qu'il avait été "oublié" en prison.

Condamné à la perpétuité pour meurtre en 1977, Michel Cardon, 67 ans, a passé plus de quarante ans en prison : un avocat vient de demander sa grâce au président Emmanuel Macron, a indiqué dimanche son avocat.

Demande de grâce et de libération conditionnelle. "Je vous demande solennellement (…) d'user de votre droit de grâce au bénéfice de M. Michel Cardon, détenu au centre de détention de Bapaume (Pas-de-Calais) sous le numéro d'écrou 7147 depuis 40 ans, 3 mois et 14 jours", écrit l'avocat, Me Eric Morain, dans un courrier daté du 12 février et révélé par le JDD. L'avocat a également déposé une demande de libération conditionnelle qui sera examinée le 15 mars par le tribunal d'application des peines d'Arras.

Condamné pour le meurtre d'un voisin. Selon son avocat, Michel Cardon est l'un des plus anciens prisonniers de France et aurait pu réclamer depuis vingt ans le bénéfice d'une liberté conditionnelle mais il a purgé sa peine, isolé, sans contact avec l'extérieur. En 1977, Michel Cardon et un comparse avaient été condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre d'un voisin qu'ils avaient cambriolé. La peine de mort avait été requise. Les deux hommes étaient repartis avec un butin de 200 francs et une charrette d'objets dérisoires.

"La société a choisi de vous oublier". Son premier parloir en 38 ans d'incarcération sera celui de son co-détenu tout juste libéré à l'été 2016, le second celui de son avocat qui, dans une lettre ouverte, déplorera : "La société qui vous a sanctionné a choisi aussi de vous oublier". La commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté de Lille (CPMS) qui a examiné son cas en janvier a elle-même constaté "qu'aucun projet d'exécution de peine n'a été imaginé à son sujet" et de s'étonner : "On dirait qu'il a été 'oublié' en détention".

AVC, problèmes cardiaques, surdité et cécité. Me Morain a confié le choc de sa première rencontre avec Michel Cardon, son impression de voir "Robinson Crusoé" : "Il avait une barbe qui lui mangeait le visage, la bouche tordue après un AVC, des difficultés d'élocution du fait de problèmes cardiaques, il est sourd d'une oreille, a une cécité partielle… mais il a aussi l'un des plus beaux sourires que j'aie vus de ma vie". Dans son courrier à Emmanuel Macron, Me Morain souligne l'absence de "dangerosité" de Cardon "éteint par cette trop longue détention". Selon l'avocat, son cas a attiré l'attention du président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand et une association du Val-d'Oise étudie la possibilité de le prendre en charge s'il sortait de prison.

 

L'avocat recherche des descendants de la victime

Contacté par Europe 1, Me Morain explique recherche d'éventuels descendants de la victime René Roullet, tué dans la nuit du 25 au 26 octobre 1977, et dont l'appui pourrait peser sur la demande de grâce.