L'auto-évaluation des élèves, une alternative aux notes ?

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Damien Brunon et Fabien Cazeaux , modifié à
ESSAI - Benoît Hamon, le ministre de l'Education, souhaite un système de notation "moins décourageant". Dans certaines écoles, on expérimente déjà l'auto-évaluation des élèves.

L’INFO. Quel avenir pour les notes à l’école ? Doivent-elles disparaître, être modifiées, accompagnées d’un autre système d’évaluation? C’est la question que vont se poser ensemble les enseignants, parents et élèves invités à travailler dans le cadre d’une consultation sur l’évaluation des élèves lancée par le ministre de l’Education nationale Benoît Hamon. De nombreuses expérimentations ont été lancées depuis 2013 et certaines d'entre elles pourraient être étendues. Parmi elles, on trouve notamment l'auto-évaluation des élèves, sans note mais avec des appréciations.

Deux feuilles par exercice. La maîtresse de la classe de CE1 de l’école de la rue Philippe de Girard dans le XVIIIème arrondissement de Paris a des habitudes un peu particulières. Quand Nathalie donne une courte rédaction à faire à ses élèves, elle leur donne en même temps un petit papier. C’est sur ce dernier qu’à la fin de l’exercice il écrira s’il pense avoir fait du bon travail.

“Il y a deux colonnes, une où l’élève s’auto-évalue et la colonne où moi je corrige, détaille l’enseignante. Il y a par exemple ‘J’ai répondu à la consigne’, ‘J’ai écrit cinq lignes au minimum’, ‘J’ai mis des majuscules’, ‘J’ai respecté la ponctuation’, etc”.

Les notes découragent. Du haut de ses sept ans et demi, Jules s'efforce d'avoir un recul critique sur son travail. Pas de note, seulement des appréciations. Et quand on lui demande son avis sur le travail qu’il vient de faire, le petit garçon est lucide : “C’est moyen”. Mais pour lui, cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas progresser. “Parfois, quand je fais quelques erreurs, la maîtresse me corrige et ça me permet donc de ne pas rater et donc de ne pas redoubler”, poursuit-il.

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Si les notes n’ont plus cours dans l’école, la peur du retard scolaire reste manifestement très ancrée dans les esprits. Mais pour le ministre de l’Education nationale, le pire est de décourager les élèves avec des notes qui ne représentent pas leur progression. “Un écolier qui éprouve des difficultés en grammaire et en syntaxe obtiendra zéro en dictée. S’il a progressé en syntaxe, mais qu’il fait encore trop de fautes en grammaire, il aura toujours zéro. Comment peut-il savoir qu’il a progressé”, argumente Benoît Hamon dans une interview donnée au Parisien.

Protéger les classes prioritaires. A l’inverse, dans l’école de la rue Philippe de Girard, l'évaluation est complètement dédramatisée. C'est en tout cas le premier bilan que tire son directeur, Franck Hernandez, au bout d'un an d'expérience. “L’élève qui reçoit une note reçoit une valeur qui lui est attribué à lui et pas à son travail, c’est le danger. Quand on accumule les mauvaises notes, on détruit l’estime de soi de l’élève et on favorise l’échec scolaire”, juge-t-il.

Et selon lui, ce système est notamment ravageur dans les zones d’éducation prioritaires (ZEP) dont son école fait partie. Et lorsque les élèves de cette dernière ont besoin d’être encouragés dans leur travail, leurs parents approuvent l'abandon des notes.

Tout le monde pas convaincu. L'idée n'est cela dit pas partagée par tous. Jean-Paul Brighelli, enseignant en classe préparatoire et essayiste a notamment pris position contre l'idée. "La note n'est pas faite contre l'élève, il faut être taré pour croire que le prof note l'élève : il note une performance, pas un caractère, a-t-il expliqué au micro d'Europe 1. Si on remplace la note par une évaluation diffuse comme dans les trois quarts des écoles primaires avec les livrets de compétence, c'est sûrement le caractère que l'on va noter, à la tête du client. Quand on note une copie, on note ce que l'élève a fait, et à partir de là il fera mieux ou moins bien."

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