Hauts-de-Seine : émoi après la menace d'expulsion contre une femme victime de violences

Marlène Schiappa demande des mesures pour éviter les expulsions de femmes victimes de violences.
Marlène Schiappa demande des mesures pour éviter les expulsions de femmes victimes de violences. © Philippe LOPEZ / AFP
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avec AFP
La secrétaire d'Etat à l’Égalité hommes-femmes a réagi mardi à l'expulsion d'une femme battue dans les Hauts-de-Seine, en interpellant le bailleur concerné. 

La procédure d'expulsion engagée par un bailleur social contre une femme battue en raison des nuisances sonores provoquées par les accès de violences de son conjoint a provoqué l'émoi sur les réseaux sociaux et jusqu'au sein du gouvernement. "Une femme qui subit jusque dans son domicile des violences conjugales doit être aidée, pas expulsée !", a tweeté mardi la secrétaire d'État chargée de l'Égalité hommes-femmes, Marlène Schiappa. Marlène Schiappa a publié le courrier qu'elle a envoyé dimanche au bailleur 3F, à l'origine de la procédure, dans lequel elle demande des explications et des mesures pour éviter les expulsions de femmes victimes de violences.

Des "nuisances" dues aux violences de son conjoint. Le 6 juillet dernier, une mère de famille de 37 ans vivant à la Garenne-Colombes, dans les Hauts-de-Seine, avec ses deux filles, est informée par voie d'huissier d'un "commandement de quitter les lieux" avant le 12 septembre. La locataire se voit reprocher des "nuisances sonores importantes troublant la jouissance des occupants de l'immeuble" d'après le jugement rendu fin juin par le tribunal d'instance de Colombes. Ces nuisances sonores sont en réalité la conséquences des violences qu'elle dit subir de la part de son conjoint, contre qui elle a porté plainte le 30 mars. Il a depuis quitté l'appartement dans l'attente de ses procès en septembre et octobre prochain. La procédure judiciaire, initiée en décembre par le bailleur social, n'a pour autant pas été interrompue. 3F a même fait valoir à l'audience que "la plainte déposée pour violence conjugale par Madame Élodie W. ne fait que corroborer les troubles".

Un logement trouvé à Elodie. Des témoignages de voisins évoquant "les hurlements d'une femme" ou "des hurlements sur les enfants et des cris tous les jours de façon continuelle" sont même versés au dossier. Chez 3F, on se défend d'avoir voulu mettre à la rue une femme battue. "Le but c'était d'éloigner monsieur du logement", explique le bailleur qui assure "accompagner la dame pour la reloger". Une première solution lui a d'ailleurs été suggérée lundi précise 3F, pour qui le dossier est "prioritaire". Mais pour l'avocate d'Élodie W., Me Migueline Rosset, "ce qui a fait bouger les choses c'est la presse et l'emballement sur Twitter". "3F a fait un premier acte d'expulsion, le commandement de quitter les lieux, alors qu'ils n'étaient pas obligés", a-t-elle ajouté. Soulignant le manque d'humanité du juge qui aurait pu renvoyer l'affaire le temps de trouver une solution de relogement, Me Rosset dénonce aussi l'attitude du bailleur "dont le boulot est d'accompagner les gens qui sont dans une situation difficile".

Sur Twitter, la mobilisation a notamment pris forme grâce aux hashtags #JeSoutiensElodie et #JusticePourElodie