"Hausse significative" de l'usage des armes à feu par les policiers au premier semestre 2017

Les tirs de sommation et d'intimidation ont largement augmenté par rapport à 2016
Les tirs de sommation et d'intimidation ont largement augmenté par rapport à 2016 © GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
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avec AFP , modifié à
Si le nombre d'utilisation d'une arme pour "tuer ou blesser" un individu est resté stable, les tirs de sommation ont largement augmenté au premier semestre 2017, selon un rapport de l'IGPN. 

L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) a constaté au cours du premier semestre 2017, "une hausse significative de l'usage des armes à feu" par les policiers, particulièrement les tirs d'intimidation ou de sommation, a indiqué une source policière, confirmant le contenu d'une note révélée mercredi par TF1-LCI. Au cours des six premiers mois de l'année, les déclarations d'usage de l'arme individuelle ont augmenté de 39,58% par rapport à 2016, en passant de 116 à 192. 

Explosion des tirs de sommation. Le nombre de tirs en direction de personnes dangereuses "pour tuer ou blesser", reste stable d'une année sur l'autre, passant de 17 à 19. En revanche, les tirs d'intimidation ou de sommation enregistrent "la plus forte progression", avec une hausse de 89,47% (de deux à 19 tirs). "Dans la majorité des cas, ces tirs sont effectués alors que les policiers sont encerclés et pris à partie par des groupes d'individus menaçants, armés et de plus en plus souvent cagoulés", note l'IGPN.

"Dans la plupart de ces situations, la légitime défense autoriserait les policiers à retourner leur arme en direction de leurs agresseurs. Ces tirs sont donc justifiés et justifiables et n'ont pas en l'état à être 'découragés'", avance l'IGPN, selon qui, ils sont "révélateurs de la hausse des violences exercées contre les policiers".

Des relations tendues et une loi plus souple. L'annonce de cette augmentation s'inscrit en effet dans un contexte de tension des relations entre police et population : selon un rapport publié par le think tank "Terra Nova" en novembre 2016, 34% des jeunes ne font pas confiance aux forces de l'ordre et 40% les jugent "racistes". Les réclamations transmises au Défenseur des droits pour des manquements à la "déontologie de la sécurité" ont parallèlement augmenté de 35% en 2016. 

Mais ces chiffres sont aussi publiés un peu moins d'un an après l'adoption d'une loi modifiant la doctrine d'emploi des armes par les gardiens de la paix. Depuis février 2017, les policiers sont autorisés à utiliser leur arme "après deux sommations", pour arrêter "des personnes qui cherchent à échapper à leur garde et sont susceptibles de perpétrer, dans leur fuite, des atteintes à leur vie ou celle d'autrui". 

De nombreux tirs accidentels avec de nouvelles armes. Dans une autre note publiée en juillet, l'IGPN s'alarme en outre du nombre "important" de tirs accidentels avec les nouvelles armes longues dont certaines équipent les unités de police, primo-intervenantes depuis les attentats de 2015. Au cours des six premiers mois de l'année, 19 tirs avec ces armes ont été répertoriés dont 18 sont accidentels.

Pour 2016, "ce chiffre déjà élevé s'établissait à 65%", relève la police des polices. Ces déclarations de tir par imprudence concernent essentiellement l'utilisation des fusils d'assaut G36 et pistolets mitrailleurs Beretta 12SD. Selon l'IGPN, la cause de ces tirs accidentels s'explique "par un défaut de maîtrise d'armes plus complexes et plus encombrantes".

Des armes plus complexes. Si l'IGPN relève que les 18 usages d'arme "n'ont heureusement pas fait de victime", il "convient aujourd'hui de prendre en compte un risque non-négligeable pour des fonctionnaires ou des usagers". "Ces armes, nécessaires sur le plan opérationnel, exigent un niveau de compétence plus important et ne peuvent être remises en dotation qu'à des fonctionnaires, certes formés et habilités, mais également entraînés et rompus à leur manipulation", souligne l'IGPN.