Harcelée par un pervers narcissique, Sabrina se confie : "Je n’étais plus moi-même"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Victime de harcèlement, Sabrina se confie sur sa relation passée avec un compagnon menteur et manipulateur, un pervers narcissique selon elle. Au micro d'Olivier Delacroix dans la "Libre antenne" sur Europe 1, elle évoque les manipulations de cet ex-compagnon, à cause duquel elle se sentait en danger.
TÉMOIGNAGE

Sabrina a été harcelée par son ex-compagnon pervers narcissique. Elle avait déjà appelé Olivier Delacroix lorsqu’elle était encore en couple avec cet homme, confiant qu’elle se sentait en danger et donc déterminée à le quitter. Désormais séparée, Sabrina évoque au micro d'Europe 1, sur la Libre antenne, leur relation passée, le moment de leur rupture et le harcèlement que celui-ci lui a fait subir. Elle raconte également comment elle est parvenue à sortir de cette relation et à se défaire de l'emprise de son ex-compagnon.

"J’ai fait la rencontre de cet homme sur un réseau social. Il a eu des comportements et des mécanismes que je me permets de qualifier de pervers narcissique. En tout cas, il a éveillé pas mal d’émotions en moi. Il me faisait des remarques désobligeantes. Je l’ai assez mal vécu et c’était récurrent. Ça a commencé par des remarques sur ma poitrine, ensuite il prenait ma pièce d’identité et il me disait : "T’étais belle avant". C’était tout un tas de remarques, il me rabaissait constamment.

" Il mentait beaucoup "

Je lui ai dit que, pour moi, c’était un pervers narcissique, que je me sentais en danger avec lui et que je ne voulais plus de cette relation. Après la rupture, il a essayé de me recontacter. Je lui avais demandé les numéros de téléphone de deux de ses ex car j’avais des doutes sur lui. Il a créé des numéros "OnOff", c’est une application sur internet pour acheter des faux numéros. Cela coûte trois euros et vous pouvez garder les numéros pendant 40 jours. Je ne savais pas que ce genre de choses existait. Je croyais discuter avec une de ses ex avec qui il est resté un moment, mais en fait c’était lui derrière tous ces messages qui se faisait passer pour son ex. Je n’ai jamais réussi à avoir la personne au téléphone, ce n’était que par messages. Son but, c’était que je réalise à quel point c’était un homme formidable.

Puis j’ai fait confiance à mon instinct, je tiens vraiment à le souligner, car il faut toujours faire confiance à son instinct. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai voulu rappeler ces numéros. Je suis tombée sur une messagerie qui disait que c’étaient des numéros de l’application "OnOff", qu’ils n’étaient valables que 40 jours et qu’ils allaient être réattribués. Cela m’a confirmé qu'il mentait beaucoup. Il a essayé de brouiller les pistes. Je pense qu’il avait prémédité tout ça. En prenant de la distance, j’ai compris que j’étais en danger. Je ne voulais plus être dans l’émotion, ni dans la passion vis-à-vis de lui. Je voulais être dans la raison. Je me suis protégée.

" J’étais constamment angoissée quand il était là "

Au début c’était clairement l’homme parfait. Je me disais que c’était l’idéal. C’est vrai que j’étais en admiration. C’est quelqu’un de vraiment très intelligent, il est ingénieur. Une fois, on se disputait et j’ai pleuré, je sentais qu’il prenait plaisir à me voir dans cet état. Il avait le sourire, j’ai vu qu’il jouissait de ça. Avec le recul, je réalise à quel point c’était sournois. Son comportement n’avait rien à voir avec tout ce qu’il disait. Il me disait qu’il n’était pas jaloux, mais il essayait de me contrôler.

A un moment donné, je me suis même dit : "Il me connait mieux que moi-même". Je n’étais vraiment pas bien. C’était surtout le fait de ne pas se sentir libre. J’étais constamment angoissée quand il était là. Je n’étais plus moi-même. J’avais l’impression de redevenir une enfant. Il fallait que je ne sois qu’avec lui. Il fallait qu’on ne soit que tous les deux. J’étais isolée. Quand il partait, je me sentais vidée, je n’avais plus d’énergie.

" J’avais envie d’être aimée, mais pas à n’importe quel prix "

Je lui ai dit : "C’est terminé, oublie-moi". Il m’a envoyé des messages en me disant : "Je m’en tape, dégage, sors de ma vie". J’avais bloqué son numéro, mais je recevais quand même ses messages. Il a un master en informatique, donc il y a des choses que je n’arrive pas à comprendre. Un samedi soir, nous sommes sorties avec des copines, et le dimanche à 15h, ça a toqué à la maison. J’étais en panique. Il habite dans le Nord, moi j’habite dans le Sud, il a fait 1.000 kilomètres. J’étais claire, mais il revenait tout le temps. J’ai eu peur et j’ai compris à quel point il fallait mettre des limites. Depuis j’ai changé de numéro pour vraiment couper les ponts et je l’ai bloqué sur les réseaux sociaux. Pour le moment je n’ai plus de nouvelles.

Je suis claire par rapport à la décision que j’ai prise. Je savais très bien au fond de moi je ne voulais plus de cette relation. Je me suis beaucoup documentée, j’ai regardé beaucoup de reportages et de témoignages. J'ai remarqué beaucoup de similitudes avec les témoignages de personnes qui ont vécu ce genre de choses. Il y a des gens qui vont jusqu’au suicide et j’ai eu très peur. J’ai une fille, je ne peux pas me permettre de me mettre dans ce genre de situations. J’avais envie d’être aimée, mais pas à n’importe quel prix.

Il me fait beaucoup penser à mon papa. Je pense que mon papa est aussi ce genre de personnes. Il a les mêmes mécanismes. Il rabaissait tout le temps ma maman. C’est ça qui m’a mis la puce à l’oreille. J’ai vu un psychologue. Je pense que je fais une amnésie post-traumatique. J’ai peut-être subi des attouchements sexuels de la part de mon père étant plus jeune. J’ai toujours eu le sentiment qu’il s’était passé quelque chose durant mon enfance, car je faisais un cauchemar violent que je n’arrivais pas à identifier. D’ailleurs, je n’ai plus aucun souvenir de ma tendre enfance. Lors de mes séances, le psychologue me disait qu’il ne fallait pas que j’essaye à tout prix de savoir, que ce n’était peut-être pas le bon moment. Mais je pense que c’est le moment, il n’y a pas un jour sans que je ressente une gêne à l’intérieur de moi."