Gay Games : "L'homosexualité est un véritable tabou dans le monde du sport"

Manuel Picaud était l'invité d'Europe 1 lundi.
Manuel Picaud était l'invité d'Europe 1 lundi.
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Grégoire Martinez , modifié à
Pour Manuel Picaud, coprésident des Gay Games, "tout le monde doit agir" pour éviter les discriminations aux athlètes LGBT.
INTERVIEW

Une compétition sportive "ouverte à tout le monde sans aucune sélection". Les Gay Games, organisé par la ville de Paris depuis samedi et jusqu'au dimanche 11 août "sont les jeux les plus inclusifs du monde qui ne rassemblent pas seulement les meilleurs sportifs sélectionnés par chacun des pays", explique Manuel Picaud, coprésident des Gay Games, sur Europe 1 lundi. 

L’homosexualité, encore tabou dans le sport. Pour l'édition 2018 - la dixième des Gay Games -, "des individus qui viennent de 91 pays ont fait la démarche de participer pour permettre une plus grand visibilité des athlètes LGBT (lesbiennes, gays, bis, trans), mais aussi de tous les alliés qui sont hétérosexuels", indique Manuel Picaud. Avec cet événement, les organisateurs veulent "promouvoir le sport pour tous" et "mettre en avant que l'homosexualité est un véritable tabou dans le monde du sport". "En France, les choses vont de mieux en mieux, mais dans le monde il y a encore 70 pays qui condamnent l'homosexualité et douze qui la pénalise jusqu'à la mort. Il faut sensibiliser les gens sur cette question sous forme, non pas d'un discours très militant, mais par une expérience de jeu", rappelle-t-il.

Peut-être qu'un jour il faudra vider un stade parce qu'on aura entendu des insultes homophobes

L'appel aux sports d'équipe. "On ne veut pas parler d’homosexualité masculine, surtout dans les sports d'équipe. Certains se cachent, se détournent du sport ou ont même été virés" de club, dénonce le coorganisateur en référence au cas du footballeur français Yoann Lemaire, viré de son club après avoir annoncé son homosexualité. "Tout bloque. Ne serait-ce que de parler de ‘révélation’ parce que ça veut dire que l'on doit presque avouer quelque chose. On veut faire en sorte que les supporters, les fédérations sportives, les entraîneurs et les équipiers soutiennent les personnes qui sont d'une orientation différente. C'est parce que ces personnes arrêteront d'insulter et de brimer que les personnes homosexuelles pourront être véritablement ce qu'elles sont et s'affirmer comme telles".

"Il faut montrer collectivement que l'on soutient les athlètes LGBT". Pour faire changer les mentalités, Manuel Picaud appelle "tout le monde à agir". Plusieurs actions de prévention sur la lutte contre l'homophobie dans les administrations et les fédérations sportives ont par exemple été organisées en marge des Gay Games. "Il faut l'affirmation par les dirigeants des fédérations sportives qu'il faut lutter (contre l'homophobie), qu'il faut accepter les personnes LGBT dans le monde du sport", indique-t-il. "Il faut sanctionner durement toutes les insultes qu'il peut y avoir et peut-être qu'un jour il faudra vider un stade parce qu'on aura entendu des insultes homophobes, comme on le fait déjà pour les insultes racistes. Et il faut montrer collectivement que l'on soutient les athlètes LGBT", conclut-il.