Gard : le directeur d'un collège dénonce un viol, il est menacé de licenciement

Le 30 mars  Paul Gobillot s'était rendu à la gendarmerie avec les parents d'une victime de viol. (illustration)
Le 30 mars Paul Gobillot s'était rendu à la gendarmerie avec les parents d'une victime de viol. (illustration) © GUILLAUME SOUVANT / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Le directeur d'un collège catholique est menacé de licenciement pour ne pas avoir alerté sa hiérarchie avant de contacter la gendarmerie à propos d'un viol entre élèves.

Le directeur d'un collège catholique sous contrat de Saint-Ambroix est menacé de licenciement pour n'avoir pas alerté sa hiérarchie avant de contacter la gendarmerie à propos d'un viol entre élèves, a indiqué lundi l'intéressé. Le directeur diocésain de l'enseignement catholique, Jérôme Martine, n'a pas répondu aux sollicitations de l'AFP sur cette affaire. 

Paul Gobillot, 62 ans, suspendu après plus de trente ans à la tête de l'institution Saint-Joseph, était convoqué lundi matin pour un entretien préalable à son licenciement par l'organisme de gestion de l'établissement (Ogec). Des élèves, anciens élèves et enseignants sont venus le soutenir "dans un silence et un respect impressionnant", a-t-il témoigné.

"C'est le monde à l'envers !". "On me reproche de ne pas avoir respecté les procédures administratives...d'avoir contacté directement la gendarmerie sans prévenir ma hiérarchie", a raconté Paul Gobillot. "C'est le monde à l'envers !", commente le directeur, qui ne peut plus se rendre sur son lieu de travail. Le 30 mars, après avoir été informé du viol présumé d'un collégien par deux autres élèves de l'établissement de quelque 300 élèves lors d'un voyage scolaire à Malte, Paul Gobillot s'était rendu à la gendarmerie avec les parents de la victime et avait été entendu en tant que témoin. Deux adolescents de 4e ont ensuite été mis en examen pour "viol en réunion". 

Considéré comme un "gêneur" ? "Très apprécié des enseignants et des élèves, Paul Gobillot fait l'objet d'une véritable chasse à l'homme depuis plusieurs mois, autant par le directeur diocésain que par l'Ogec", a affirmé son avocat Me Philip de Lumley-Woodyear. Selon l'avocat, le directeur est considéré comme un "gêneur", faisant notamment obstacle à certains projets immobiliers du diocèse. On lui reproche aussi certains choix pédagogiques comme la création d'une classe de "décrocheurs", poursuit l'avocat.

La suspension du directeur suscite l'émoi. Dans cette structure étaient accueillis "des jeunes en rupture, aussi bien des migrants que des locaux de nos campagnes de milieux défavorisés", explique Paul Gobillot qui estime que le diocèse donne "un signal fort en fermant une telle classe à la rentrée". Cette initiative a abouti, selon lui, à "des réussites extraordinaires". La suspension du directeur, "porteur de valeurs exemplaires", a plongé l'équipe éducative et les élèves de Saint-Joseph "dans la détresse", assure Ghislaine Pialet, professeur de français depuis 28 ans dans le collège. Paul Gobillot doit être reçu mercredi à 18h à Nîmes par la direction diocésaine de l'enseignement catholique avant qu'un conseil d'administration ne décide prochainement de son sort.