France terre d'asile : le gouvernement "a une approche qui n'est pas la bonne" sur l'immigration

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A.D
Le directeur général de France terre d'asile s'oppose au projet de loi sur l'immigration. Sans condamner Emmanuel Macron, il parle de "maladresse" et de "mesures problématiques" et appelle à revoir les priorités.
INTERVIEW

Les associations d'aide aux migrants sont invitées par le Premier ministre Edouard Philippe à Matignon jeudi, après avoir eu vent des grandes lignes du projet de loi sur l'immigration et l'asile que prépare le gouvernement. Pierre Henry, directeur général de l'association France terre d'asile, était l'invité de la matinale de Raphaëlle Duchemin. Il a expliqué ce qu'il attendait du gouvernement.

"Infinie maladresse". A la lecture du document de synthèse reçu par l'association mercredi, Pierre Henry a pu se faire une idée "de la philosophie générale du texte", explique-t-il. "En réalité, je crois qu'il y a là une approche qui n'est pas la bonne. On a inversé les priorités. Il y a six mois, la raison d'un nouveau projet de loi sur l'asile, c'était de réduire la durée d'instruction des dossiers. Or aujourd'hui, l'objectif du projet de loi est manifestement de mieux reconduire, plus reconduire et reconduire immédiatement. Je crois que nous avons affaire à une infinie maladresse."

Entendu sur europe1 :
L'objectif du projet de loi est manifestement de mieux reconduire, plus reconduire et reconduire immédiatement.

L'appel à un "dispositif d'accueil digne et vertueux". Pierre Henry développe la situation sur le territoire national : "Vous avez un certain nombre de personnes en situation de migration et qui se trouvent à la rue. Dès lors que l'on se fixe un objectif de 'plus un migrant à la rue', la priorité est de faire en sorte que nous ayons un dispositif de premier accueil qui soit digne et vertueux. Cela veut dire que vous avez un lieu sécurisé, pas que vous avez un droit de séjour inconditionnel." Le directeur général de l'association de soutien aux demandeurs d'asile rejette l'argument selon lequel le projet devrait être le reflet d'une partie de l'opinion, "sinon on sortirait très vite de l'Etat de droit".

Des attaques aux "droits effectifs". Et de poursuivre : "Il y a dans ce projet de loi des mesures véritablement problématiques et qui s'attaquent aux droits effectifs des personnes", dit-il avant de citer la réduction du délai de recours des demandes d'asile rejetées en premier instance et l'allongement de la durée de rétention possible. "C'est inutile parce que 90% de personnes en rétention sont éloignées au bout de 12 jours. Elle apparaît comme punitive et extrêmement onéreuse."