Forte mobilisation des infirmiers et aide-soignants

"Infirmiers méprisés, patients en danger", ont notamment exprimé les manifestants.
"Infirmiers méprisés, patients en danger", ont notamment exprimé les manifestants. © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
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avec AFP , modifié à
Des milliers d'infirmiers et d'aide-soignants ont manifesté mardi pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail et demander une meilleure reconnaissance.

Plusieurs milliers d'infirmiers et d'aide-soignants ont défilé mardi partout en France à l'appel d'un mouvement unitaire, inédit depuis 1988, afin de dénoncer des cadences infernales, le manque de temps passé auprès de malades et demander une meilleure reconnaissance de leur travail. Les fédérations FO, CGT, SUD et CFTC de la fonction publique hospitalière, mais aussi, une vingtaine d'organisations infirmières salariées, libérales ou étudiantes, avaient choisi la même date pour tirer la sonnette d'alarme. Une première depuis 28 ans, selon les organisations.

Le taux de mobilisation sur l'ensemble des personnels hospitaliers appelés à la grève était dans la matinée de 8% (y compris les personnels assignés) et de 12% chez les infirmières, selon le ministère des Affaires sociales. A Paris, le cortège de 3.500 manifestants, selon la préfecture de police, scindé entre intersyndicale et organisations professionnelles, a rejoint à la mi-journée le ministère de la Santé.

"Infirmiers méprisés, patients en danger". L'intersyndicale, reçue par la Direction générale de l'offre de soins (DGOS), ne s'est vu proposer "qu'un groupe de travail sur la qualité de vie au travail", a regretté Denis Basset (FO). Elle se réunira mercredi pour envisager de nouvelles mobilisations, comme une "grève générale et une manifestation nationale à Paris", selon lui. "Infirmiers méprisés, patients en danger", ont scandé les manifestants vêtus de blouses blanches ou bleues, masques sur le visage et calot sur la tête. "Les sous-effectifs, c'est pas automatique", pouvait-on lire sur une pancarte, tandis qu'une longue banderole en tête de cortège titrait: "#Soigne et tais-toi".

A Strasbourg, entre 500 et 650 salariés des hôpitaux, selon les syndicats et la police, ont battu le pavé par un froid glacial, quasiment autant qu'à Orléans (500 selon les organisateurs). Ils étaient environ 250 à Rennes au slogan de "Ni amendable, ni négociable, retrait de la loi Touraine", 1.100 à Nantes, selon la police. Ils étaient quelques centaines à Marseille, 450 à Montpellier, selon la préfecture, 350 à Tarbes, environ 200 à Lille, Besançon et Bourges, 300 à Nice et Nancy, ou encore 1.300 à Lyon selon la police, (2.000 selon les organisateurs).

Touraine promet un plan. Les réformes des quinze dernières années, comme l'instauration de la tarification à l'activité pour financer les hôpitaux "à l'acte", ont déstabilisé les personnels, principale variable d'ajustement en période de restrictions budgétaires, et secoués par cinq suicides cet été. L'intersyndicale réclame l'"abandon" du plan d'économies de "3,5 milliards d'euros" sur trois ans d'ici à 2017, des groupements hospitaliers de territoire (GHT) qui font craindre des restructurations ou encore "l'arrêt des fermetures de lits".

Interrogée mardi à l'Assemblée nationale, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a redit qu'elle présenterait prochainement un plan pour améliorer les conditions de travail. Le Premier ministre, Manuel Valls, a rappelé que 31.000 postes dans la fonction publique hospitalière avaient été créés depuis 2012.