Fin du procès Xynthia : "on est loin d'avoir trouvé la vérité"

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avec AFP , modifié à
JUSTICE - Le procureur a requis mercredi quatre ans de prison dont trois ferme et 30.000 euros d'amende à l'encontre de l'ancien maire de La Faute-sur-Mer.

Réquisitions. C'est la fin de quatre semaines d'audience éprouvantes. Mercredi, l'heure était aux réquisitions du ministère public dans le procès de la tempête Xynthia devant le tribunal correctionnel des Sables d'Olonne. Le procureur de la République Gilbert Lafaye, qui a souligné "qu'on est loin d'avoir trouvé la vérité" que recherchaient les parties civiles, a requis des peines de prison ferme à l'encontre de l'ancien maire de La Faute-sur-Mer et de son adjointe à l'urbanisme.

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Pas "celui qui allait dire la vérité aux gens". Gilbert Lafaye a réclamé à l'encontre de l'ancien maire René Marratier, jugé pour "homicides involontaires", quatre ans de prison dont trois ferme et 30.000 euros d'amende. Lors d'un réquisitoire de plus de quatre heures et demie, parfois décousu, le procureur a pointé du doigt la "frénésie immobilière" et "l'urbanisation à outrance" qui se sont emparées de la commune sous le mandat de René Marratier (1989-2014) avec une augmentation de 48% des constructions de lotissements sur des terrains agricoles dans les années 1990. C'est dans certains de ces lotissements, où avaient poussé les maisons de plain-pied, qui auraient dû comporter un étage en raison du risque fort de submersion, qu'ont péri les victimes lorsque la tempête a englouti les digues le 28 février 2010. "René Marratier voulait bien être le représentant commercial de la commune, mais en aucun cas celui qui allait dire la vérité aux gens (...). Pendant de longues années, il s'est mis en travers de la route des autorités, qui cherchaient à mettre en oeuvre des mesures de sécurité pour les habitants", a lancé Gilbert Lafaye. 

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"Au summum du mélange des genres". A l'encontre de l'ex-adjointe à l'urbanisme, Françoise Babin, le procureur a réclamé trois ans de prison dont deux ferme et 50.000 euros d'amende, estimant que "l'appât du gain doit être pris en compte dans la gravité de la faute qui lui est reprochée". Il a requis deux ans de prison dont un ferme et 50.000 euros d'amende à l'encontre du fils de cette dernière, Philippe Babin, agent immobilier et président de l'association chargée de la surveillance de la digue. "Françoise Babin a été au summum du mélange des genres, à savoir propriétaire de terrains, vendeur de terrains, gérant d'une agence immobilière, propriétaire de maisons, locataire, première adjointe au maire, présidente de la commission d'urbanisme...", a-t-il égrené.

"Une demande de peine exemplaire". Didier Seban, l'un des avocats de René Marratier, s'est dit "totalement indigné" par ces "réquisitions exorbitantes et disproportionnées", "du jamais vu" selon lui. "René Marratier est abasourdi. (...) Le maximum de la peine qu'ait prononcé un tribunal à l'encontre d'un maire, pour homicides involontaires, c'est 10 mois de prison avec sursis", a-t-il cité en exemple. Réaction diamétralement opposée du côté de l'Avif, l'association des victimes. "Après un procès exemplaire, c'est une demande de peine exemplaire. Il faut que ce procès, que les 29 morts de Xynthia, servent à quelque chose", a réagi son président, Renaud Pinoit.

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Les plaidoiries s'est achevé vendredi avec les dernières plaidoiries. Le jugement est attendu le 12 décembre.