Femmes de djihadistes : "En grande majorité, elles sont volontaires"

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M.Be. , modifié à
Alors qu'une djihadiste arrêtée en Irak va bientôt rentrer en France, le journaliste Matthieu Suc rappelle sur Europe 1 que certaines femmes djihadistes ont été formées pour tuer. 
INTERVIEW

Une djihadiste française, condamnée en Irak et expulsée du pays, va bientôt rentrer en France où elle sera probablement placée en garde à vue et mise en examen. Mélina Bougedir, 27 ans, devrait s’expliquer auprès des enquêteurs français sur son départ dans la zone syro-irakienne. Pour le journaliste Matthieu Suc, auteur de Femmes de djihadistes, les femmes djihadistes sont loin d’être toutes des victimes. "Il faut d’abord les considérer comme des femmes de djihadistes. Mais, quand elles sont allées en Syrie, qu’elles soient déjà mariées ou qu’elles y soient allées pour rencontrer un mari, elles y vont de leur plein gré", affirme Matthieu Suc, invité d’Europe Soir lundi.

"Elles aspirent à devenir djihadistes". "La hijra - le fait de partir rejoindre le pays du Sham (en zone irako-syrienne, ndlr) - c’est un projet familial, et elles sont pleinement volontaires. Il y a eu des cas de femmes qui ont été désabusées par leur mari ou par la situation sur place, il y a eu quelques victimes, mais en grande majorité, elles sont volontaires, elles ne sont pas déçues et elles aspirent à devenir elle-même djihadistes", poursuit le journaliste de Mediapart. La semaine dernière, le groupe État islamique a publié des images de propagande mettant en scène des femmes vêtues de leur niqab, kalachnikov en main, en train de participer à des combats. "Une première", selon Matthieu Suc.

Des femmes policières et combattantes. Arrêtée à Mossoul, Mélina Bougedir faisait vraisemblablement partie d’une brigade de la police religieuse, chargée de l’application stricte de la charia. "Le groupe État islamique a recruté des femmes pour contrôler les femmes" alors que les brigades d’hommes ne pouvaient pas le faire au nom du principe de non-mixité, ajoute Matthieu Suc. "Et cette police n’est absolument pas tendre. Une récente étude américaine raconte des exactions commises sur des prisonnières. (Les femmes de la brigade) s’étaient amusées à mettre la tête découpée d’un frère dans la cage où une prisonnière se trouvait confinée", détaille le journaliste.

Daech (acronyme arabe de l'État islamique) aurait par ailleurs formé quelque 800 femmes au maniement des armes, et certaines aux opérations d'assassinat. Alors que Mélina Bougedir a été arrêtée en possession d'une carte de Mossoul avec les zones de combats, les enquêteurs français vont devoir déterminer le rôle exact de cette Française au sein de l'organisation terroriste. Son arrivée en France est attendue dans les prochains jours.

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