Femmes battues : le Haut Conseil à l'égalité dénonce le manque d'hébergements d'urgence

© JACQUES DEMARTHON / AFP
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Eve Roger, édité par Anaïs Huet
Dans un rapport publié jeudi, le Haut Conseil à l'Égalité pointe un budget très largement insuffisant pour lutter contre les violences faites aux femmes, en particulier pour héberger en urgence les victimes.

À quelques jours de la manifestation #NousToutes, samedi à Paris, contre les violences faites aux femmes, le Haut Conseil à l'Égalité entre les femmes et les hommes publie jeudi un rapport sur le budget nécessaire pour aider les 225.000 victimes par an en France. Cette enquête considère que ce budget devrait être d'au moins 506 millions d'euros par an, contre 79 actuellement, c'est-à-dire six fois plus.

Un budget à multiplier par dix. Le Haut Conseil déplore en particulier le manque d'hébergements d'urgence pour celles qui souhaiteraient quitter le domicile conjugal. Actuellement, 40 millions d'euros y sont consacrés. De quoi financer un peu plus de 5.000 places dédiées, indique le ministère de la Justice. Or, il en faudrait 16.000, pour un budget entre 200 et 450 millions d'euros par an pour répondre à la demande.

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Beaucoup de demandes et trop peu de logements. Il est visiblement très difficile de trouver de l'argent. À Bayonne, par exemple, la substitut du procureur avait comme projet de louer un appartement trois pièces pour accueillir deux victimes. Cela devait coûter 11.500 euros par an, mais la préfecture n'en a trouvé que 3.800. "J'ai été surprise parce que des logements d'urgence existent pour les personnes victimes de violences conjugales, mais ils n'arrivent pas à satisfaire toutes les demandes. Sur Bayonne, il y a huit places fixes pour ces personnes. Sachant que si une femme vient avec deux enfants, ça fait déjà trois places de prises", illustre la magistrate Aude Le Hérissier, au micro d'Europe 1. Finalement, la communauté d'agglomération a décidé de combler le manque financier, et le projet d'appartement va pouvoir aboutir.

Trouver des lieux sécurisés pour les victimes. Pour les associations de défense des droits des femmes, il est capital que ces victimes n'atterrissent pas dans des centres d'hébergement d'urgence classiques, où se côtoient surtout des hommes sans domicile fixe. Difficile d'y envisager une mère traumatisée avec des enfants scolarisés.

Mais surtout, pour être totalement protégées d'un conjoint violent, les victimes doivent se réfugier dans des maisons banalisées aux adresses gardées secrètes.