Étrangers condamnés : la France doit-elle s'inspirer de la Suisse ?

Rost et Laurent Jacobelli étaient les invités du grand direct de l'actu lundi sur Europe 1.
Rost et Laurent Jacobelli étaient les invités du grand direct de l'actu lundi sur Europe 1.
  • Copié
, modifié à
Les Suisses étaient invités à se rendre aux urnes dimanche pour un référendum. La proposition soumise prévoyait l'expulsion systématique de tous les résidents étrangers condamnés en Suisse. Un texte rejeté à 59% des voix.

La Suisse va-t-elle trop loin ? La proposition soumise aux électeurs suisses prévoyait l'expulsion systématique de tous les résidents étrangers condamnés en Suisse pour des faits graves ou suite à deux condamnations en moins de dix ans pour des délits moins graves, comme un cambriolage ou un excès de vitesse. Un texte rejeté à 59% des suffrages dimanche. Mais finalement, faut-il s'inspirer des Helvètes ou, au contraire, vont-ils trop loin ? C'était le sujet du débat du Grand Direct de l'Actu avec Jean-Marc Morandini lundi sur Europe 1. 

La France fait preuve de "laxisme". Pour Laurent Jacobelli, le secrétaire général adjoint de Debout la France, invité d'Europe 1 lundi, il faut s'inspirer de la Suisse et être plus sévère avec les étrangers. Même s'il admet que c'est une bonne chose que les Helvètes aient rejeté dimanche le référendum car "deux infractions au code de la route par exemple, ce n’est pas un motif pour expulser quelqu’un", il trouve insupportable le "laxisme" en France. Un laxisme qu'il rejette sur Nicolas Sarkozy car il explique, "la Suisse est finalement dans une situation inverse à la France puisqu’en 2003, Nicolas Sarkozy, alors qu’il était ministre de l’Intérieur, a supprimé la double peine. C’est-à-dire qu’aujourd’hui, un étranger qui commet un crime ou un délit, peut, à sa sortie de prison, rester en France".

"Une sorte de code d'honneur". Une situation que Laurent Jacobelli n'accepte pas. "Je ne trouve pas ça juste. Quelqu’un qui n’accepte pas les règles du jeu de la France, quelqu’un qui met en danger la vie d’autrui ou la liberté de quelqu’un en France, il n’y a pas d’autres solutions que de l’expulser. C’est de la pure logique et du bon sens et il n’est pas question de stigmatiser. Il y a une sorte de pacte, de code d’honneur avec la République Française qui accueille les étrangers. Il y a donc du laxisme", explique-t-il. Le secrétaire général adjoint de Debout la France souhaite donc que les étrangers qui ont commis un crime, susceptible d’entraîner une expulsion, le soient réellement car aujourd'hui, "seulement un quart des délits donnent lieu à un ordre d’expulsion".

"Une montée de la xénophobie en Europe". Mais cet avis n'est pas partagé par tous et certainement pas par Rost, le président de Banlieues Actives. Pour le membre du Conseil Economique et Social, également invité d'Europe 1 lundi, le référendum organisé en Suisse montre une chose, "il y a une montée de la xénophobie en Europe qui est très inquiétante". Le réalisateur du court-métrage Et si on s’en sortait actuellement distribué se demande donc, "ce qui a pu passer dans le crâne de la personne qui a pu imaginer que quelqu’un qui grille un feu rouge ou qui fait un excès de vitesse, on le vire simplement parce qu’il est étranger". 

Rost a donc répondu violemment aux propos de Laurent Jacobelli. "Un étranger qui commet un acte terroriste, ça ne me dérange pas qu’on le vire. Mais un Français qui commet un vol, est ce qu’on le vire ? Non ! Je ne vois pas pourquoi ce serait le cas pour un étranger qui vit en France, qui est établi ici", a-t-il expliqué. Mais pour Laurent Jacobelli, ce n'est pas du tout de la xénophobie. Il a pris comme exemple les Etats-Unis, "là-bas si vous volez quelque chose dans un magasin et que vous êtes étranger, le lendemain matin, vous vous retrouvez dans l’avion". 

Un prisonnier coûte cher. Et puis pour le secrétaire général adjoint de Debout la France, il y a également un aspect économique qu'il ne faut pas négliger. "Un citoyen en prison coûte 32.000 euros par an et alors que nous avons 6% d’étrangers vivant en France, ils représentent 20% de la population carcérale". Il y a donc urgence à agir selon lui même s'il rejoint Rost sur le fait qu'un petit délit n'est certainement pas un motif d'expulsion. 

Passer plusieurs années en prison est-il donc suffisant pour purger sa peine quand on est étranger ? Ou faut-il se voir expulser par la suite ? Les Helvètes ont tranché mais en France, on peut voir que la question fait encore débat. 

 

>> Retrouvez le débat en intégralité :