Faut-il abattre les arbres au bord des routes ?

© LUDOVIC MARIN / AFP
  • Copié
avec Sandrine Prioul , modifié à
SÉCURITÉ ROUTIÈRE - Près de 10% des tués sur les routes meurent après avoir percuté un arbre. Le débat de leur abattage est relancé. 

Le ministre de l’Intérieur cherche par tous les moyens à réduire la mortalité routière. Bernard Cazenzeuve a présenté en ce sens de nouvelles mesures la semaine dernière comme la future interdiction du kit mains libres ou la limitation de la vitesse à 80 km/h sur certaines portions de routes. Autre piste évoquée à demi-mot : la suppression des arbres situés sur le bord des routes.

10% des tués sur la route après avoir heurté un arbre. En 2013, 326 personnes ont trouvé la mort après avoir percuté un arbre, soit 10% des tués sur la route. Alors que la mortalité routière a augmenté en 2014, les autorités étudient tous les facteurs possibles d'accidents. L’objectif est clair : réduire le nombre de morts sur les routes.

Les associations inquiètes. La 26e et dernière mesure du plan de sécurité routière, présenté la semaine dernière, impose aux collectivités locales de réaliser des "audits de sécurité" de leurs infrastructures routières, recensant notamment les "obstacles latéraux" (panneaux, parapets, arbres). Dans cette mesure, aucune mention n'est spécifiquement faite du mot "arbre" mais certaines associations craignent déjà pour ces alignements typiques. "On est sur le qui-vive. On craint qu’il y ait des abattages", s’alarme Chantal Fauché, présidente de l'Association pour la protection des arbres en bord de routes (Asppar). "On est encore au stade de l'audit", tempère-t-on au ministère de l'Intérieur.

Arbres au bord de la route, 1280x640

© LIONEL BONAVENTURE / AFP

"Arrêter de stigmatiser l’arbre". "L’abattage n’est pas la solution pour sauver des vies humaines", estime Chantal Fauché au micro d’Europe 1. "Il est temps d’arrêter de stigmatiser l’arbre. Il est démontré dans plusieurs études que les arbres de bord de route sont un atout pour la sécurité routière. Une route qui est bordée d’arbres incite l’automobiliste à ralentir". Et d’étayer son argumentaire : "certes, l'arbre est un facteur aggravant mais ce plan est fait pour s'attaquer aux causes des accidents. Les causes sont avant tout l'alcool, la vitesse, les comportements".

Les arbres utiles pour réduire la mortalité routière ? "Aujourd'hui, les arbres les plus ‘dangereux’ sont protégés par des glissières", explique Jean-Marc Sangouard, du Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema). Il fait partie de ceux qui estiment qu'une route dégagée endort la vigilance alors qu'une chaussée bordée d'arbres peut influencer positivement son comportement. Une étude menée en 2006 par le Service d'études techniques des routes et autoroutes (Setra) va dans son sens. Elle affirme que les arbres permettent de mieux appréhender la route. Ils rendent son tracé plus "lisible", constituent des repères de distance. 

>> LIRE AUSSI - Le kit mains libres au volant bientôt interdit 

>> LIRE AUSSI - Les bons conducteurs de moins en moins nobmreux

>> LIRE AUSSI - Sécurité routière : après le "trash", place à l'émotion

>> LIRE AUSSI - Une hausse historique de la mortalité sur les routes en 2014