Le docteur Raphaël Moog, qui a supervisé l'hospitalisation d'un adolescent décédé en 2008, est jugé en appel à partir de mercredi 1:57
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Arthur Helmbacher et M.L. , modifié à
Les parents de Maxime, 15 ans, décédé en 2008, espèrent que le docteur Moog sera interdit d'exercer.

"Depuis presque huit ans, on se bat pour rétablir la vérité", explique Thierry Walter. En septembre 2008, son fils, Maxime, 15 ans, décédait au CHU de Strasbourg-Hautepierre, deux jours après une mauvaise chute en VTT. L'année dernière, le chirurgien chargé de son hospitalisation a été condamné à un an de prison avec sursis après avoir été reconnu coupable de "manquements constatés" par le tribunal correctionnel de Strasbourg. Une décision "scandaleuse" pour les parents, qui réclament une peine plus lourde, assortie d'une interdiction d'exercer. Le procès en appel s'est ouvert mercredi matin.

"On a été salis". "On nous a pris pour des imbéciles", estime Thierry Walter. "On a été salis, durant l'hospitalisation de Max, quand il est décédé, et après sa mort", poursuit-il. D'astreinte lorsque Maxime a été admis aux urgences pédiatriques, le docteur Raphaël Moog ne s'est déplacé qu'après plusieurs heures pour examiner le jeune garçon, qui souffrait d'une fracture de la rate et d'une hémorragie. Il a ensuite opté pour un traitement non-opératoire, ne procédant à l'ablation de la rate de l'adolescent que 24 heures après son admission, et quelques heures avant son décès.

"Nous ne demandions pas qu'il aille en prison, ce qui était important, c'était l'interdiction d'exercer", avaient argué les parents de Maxime après la première condamnation du médecin. Lors de ce procès en appel, ils pourraient présenter de nouveaux documents. Des transcriptions, par huissier, sur papier, de dialogues enregistrés en caméra cachée tout au long de l'enquête sur la mort de leur fils. "Nous avons tout filmé depuis le début. Les magistrats, l'ordre des médecins, tout le monde", explique Thierry Walter.

Des traces de transfusions effacées ? Dans l'enregistrement d'une conversation entre les parents et le procureur de la République, il est notamment question de "documents qui auraient été saisis", assure le père du jeune garçon. "Mais lorsque l'on a demandé à la juge d'instruction ce que cette saisie avait donné, on nous a dit que ça n'avait jamais eu lieu." Pour eux, l'équipe médicale a falsifié des documents pour protéger le médecin de 48 ans, notamment en effaçant les traces des nombreuses transfusions sanguines reçues par Maxime.

Fin du procès vendredi. En première instance, le chirurgien avait estimé n'avoir été "ni imprudent ni négligent". Le tribunal n'avait pas prononcé d'interdiction d'exercer car le praticien, qui réalise plus de 600 opérations par an, ne s'était vu reprocher "aucun autre accident grave".

Au procès en appel, les parents de Maxime ont choisi de se défendre eux-mêmes. Après une matinée consacrée aux aspects juridiques de l'affaire, le fond devait être examiné mercredi après-midi. Le procès doit durer jusqu'à vendredi.