ENQUÊTE - Des braquages de fourgons au trafic de drogue : comment le grand banditisme s'est reconverti

La grand banditisme s'est métamorphosé. En quinze ans, le nombre d'attaques de fourgon s'est effondré. (Illustration)
La grand banditisme s'est métamorphosé. En quinze ans, le nombre d'attaques de fourgon s'est effondré. (Illustration) © AFP
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Guillaume Biet édité par C.O. , modifié à
En quinze ans, le nombre d'attaques de fourgons a considérablement diminué en France. Pour autant, le grand banditisme n'a pas disparu. Il s'est "reconverti".
L'ENQUÊTE DU 8H

Huit suspects seront rejugés mardi aux assises pour le meurtre d'une policière municipale. C'était le 20 mai 2010. Aurélie Fouquet, 26 ans, était tuée par un commando de braqueurs à Villiers-sur-Marne, près de Paris. Une fusillade mortelle survenue à la suite d'une tentative avortée de braquage de fourgon blindé.

Une attaque en 2017, contre 24 en l'an 2000. Depuis, le grand banditisme s'est métamorphosé. En quinze ans, le nombre d'attaques de fourgon s'est effondré. En l'an 2000, 24 attaques avaient eu lieu au total, soit deux par mois en moyenne, causant 15 blessés et quatre morts. En 2008, douze ont été constatées, en 2013, cinq et l'an dernier, une seule attaque de fourgon - pour laquelle huit personnes ont été arrêtées lundi - a été recensée. 

Le transport de fonds plus sécurisé. En clair, ce phénomène, typiquement français, a été quasiment éradiqué, précise Frédéric Doidy, le chef de l'Office central de lutte contre le crime organisé. "Cela s'explique par l'arrestation des malfaiteurs qui s'étaient fait une spécialité de ces attaques à main armée particulièrement violentes et par des contraintes beaucoup plus importantes que se sont fixées les transports de fonds, qui ont élevé la sécurité de leur transport", détaille-t-il sur Europe 1.

Les camions de fret davantage ciblés. Autre explication : le grand banditisme s'est "reconverti". Au lieu d'attaquer des fourgons blindés avec convoyeurs armés et protégés, certaines équipes de braqueurs s'en prennent plutôt aux camions de fret qui transportent des smartphones ou autres produits de luxe. Certains malfrats se sont également réorientés vers le trafic de drogue à très grande échelle.

Creil, capitale du nouveau banditisme. C'est le cas notamment dans la ville de Creil, dans l'Oise. C'est dans cette ville de 35.000 habitants dont plus de la moitié vit dans des logements sociaux qu'ont vécu la plupart des accusés qui comparaissent mardi aux assises et c'est ici qu'a grandi le célèbre braqueur Redoine Faïd, spécialiste des attaques de fourgon blindés. Mais aujourd'hui, la grande délinquance du plateau de Creil a complètement changé.

"Creil est aujourd'hui l'une des nouvelles capitales du nouveau banditisme. C'est très étonnant car ce sont des quartiers populaires au milieu des champs. Mais aujourd'hui quelques unes des plus grosses équipes d'importateurs de cannabis en France sortent des barres HLM de Creil", constate Jérôme Pierrat, spécialiste du banditisme des cités, auteur de Parrains de cités : enquête chez les millionnaires du trafic des stups. "Ils ont une place assez stratégique dans ce Nord de la France entre Reims, Amiens et la banlieue parisienne… Il y a un espèce d'immense bassin de consommateurs".

Une BRI bientôt implantée. Aussi, c'est un désert policier et judiciaire. "Il y a une petite équipe de police judiciaire située au commissariat de Creil mais c'est à peu près tout", note Jérôme Pierrat. Pour appuyer la lutte contre ce néo-banditisme lié au trafic de drogue, la police judiciaire prévoit d'y implanter dans les mois qui viennent une brigade de recherche et d'intervention, soit une trentaine de policiers d'élite.

 

Bureaux de poste, banques... beaucoup moins de braquages en général

Selon les chiffres de l'office central de lutte contre le crime organisé, les braquages ont considérablement baissé ces dernières années et ce quelque soit le type de braquage. En 2000, 950 banques avaient été ainsi braquées contre 9 en 2017. Par ailleurs, au début du nouveau millénaire, huit centres-forts avaient été forcés avec plus ou moins de succès. Mais depuis 2011, et l'attaque du centre-fort d'Orly, plus aucun braquage de ce type ne s'est produit. Les bureaux de Poste sont également beaucoup moins visités par les malfrats. 173 bureaux ont été braqués en 2007 contre 25 dix ans plus tard.