En avion, protéger ses genoux peut s'avérer dangereux

© capture d'écran Kneedefender
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Noémi Marois , modifié à
GADGET - Le "knee defender", qui permet de bloquer l’inclinaison du siège avant a contraint un avion à atterrir d'urgence.

Soulager ses gambettes lors d’un trajet  en avion, c’est la préoccupation de beaucoup de voyageurs. Et le voisin de devant qui abaisse son siège au maximum, ça n’aide pas. Un gadget pourrait vous sauver la mise : le "knee defender", traduisible en "protecteur de genoux". Problème, il peut créer des conflits entre passagers et a même provoqué un atterrissage d’urgence dimanche dernier aux Etats-Unis. 

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Comment ça marche ? L’objet est constitué de deux clips qui, placés sur les deux montants reliant votre tablette au siège avant, empêche ce dernier de s’incliner. Parfait pour les personnes ayant de longues jambes ou juste pour ceux désirant protéger leur espace vital. Et ça ne coûte que 16 euros (22 dollars). Beaucoup moins sympa cependant  si vous êtes le voisin de devant contraint d’avoir un siège droit comme un i pendant tout le trajet. Le gadget a été inventé en 2003 par Ira Goldman, un Américain excédé par le peu d'espace libre laissé aux passagers dans un avion. Les ventes se portent bien, surtout depuis l'incident qui a lieu dimanche sur un vol d'United Airlines.

Deux clips pour un verre d’eau à la figure. Dimanche, lors d’un vol New-York-Denver, une altercation a éclaté entre deux passagers, proches de la cinquantaine. L’un désirant travailler sur son ordinateur, a installé un «knee defender» sur les bras de sa tablette. La passagère de devant, mécontente, a fait appel à un personnel de bord qui a été impuissant à régler le conflit. La passagère, furieuse, s’est alors levée, s’est tournée vers le passager et lui a jeté un verre d’eau à la figure. 

Atterrissage d’urgence. La dispute a dégénéré au point que les pilotes ont décidé de détourner leur trajectoire pour atterrir d’urgence à Chicago, à mi-chemin de leurs parcours. La police de Chicago et la police de l’air ont accueilli les fauteurs de trouble. L’avion a repris le chemin du ciel, arrivant à Denver avec une heure trente de retard.

Habituellement, un passager ne respectant pas les règles, encourt aux Etats-Unis  une amende de 25.000 dollars. Ici, aucune arrestation n’a eu lieu.

Interdit aux Etats-Unis. Un petit gadget qui peut mettre en danger la sécurité des voyageurs ? La FAA (Federal Aviation Administration) ne pouvait laisser passer. Elle a donc autorisé les compagnies d’aviation américaines à l’interdire. United Airlines ne s’est pas fait prier. Spirit Airlines et Allegiant Air ont carrément enlevé le système d’inclinaison des sièges. Le Canada a emboîté le pas, Air Canada a aussi interdit le gadget.

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Sans doute pas la bienvenue chez Air France. S’il débarque en France, le « knee defender » a peu de chances de plaire aux compagnies aériennes. En effet, dans ses « conditions générales de transport », Air France note que « un passager ne doit pas avoir un comportement de nature à gêner, incommoder (…), une ou des personnes, des biens ou l’appareil ». 

Même si la compagnie n’a pas encore été confrontée au « knee defender », « ça remet en question le bon fonctionnement du vol », explique clairement Air France à Europe 1. Le passager est en effet en droit d’incliner son siège vers l’arrière, «sauf pendant les repas où on lui demande de le remettre d’aplomb». 

Les conflits existent entre passagers et sont surtout liés à un manque de « savoir-être », explique la compagnie. Les personnels de bord sont formés pour y faire face. Si un utilisateur de « knee defender » provoque une dispute, le personnel agira en conséquence, comme pour tout autre conflit. Selon la gravité des faits, stewards et hôtesses peuvent faire un « rappel à l’ordre », demander au commandant de bord d’intervenir, utiliser des menottes en plastique pour immobiliser le trublion. La police peut enfin l’accueillir à l’atterrissage. Un arrêt en urgence, par exemple à Lyon lors d’un Paris-Marseille, est envisageable si la sécurité des passagers est en jeu.

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