En appelant Macron à suivre Trump, le Crif crispe une partie de la communauté juive

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Sébastien Krebs, édité par A.H.
Le Crif et le Consistoire israélite ont appelé dès jeudi Emmanuel Macron à suivre la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. Ce qui est loin de faire consensus au sein de la communauté juive.

Après la décision prise par Donald Trump de reconnaître officiellement Jérusalem comme capitale d'Israël, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et le Consistoire appellent Emmanuel Macron à faire de même : reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et y transférer l'ambassade de France. Une déclaration qui ne fait pas l'unanimité au sein de la communauté juive.

Le Crif veut "rétablir la vérité historique". Le président du Crif, lui, assume : "reconnaître Jérusalem comme capitale, c'est une demande que les institutions juives réitèrent depuis des années au président de la République. Rien de nouveau, donc", répète Francis Kalifat à Europe 1. "C'est rétablir la vérité historique. L'ensemble du pouvoir, les tribunaux, toute la vie politique, se trouvent à Jérusalem. C'est de fait la capitale. Ça fait 3.000 ans que les juifs se tournent vers Jérusalem pour prier", soutient-il.

La communauté juive divisée sur la méthode. Pour le président du Crif, cette revendication fait consensus. Pourtant, après ce communiqué demandant à Emmanuel Macron de suivre la même démarche que Donald Trump, les téléphones ont chauffé du côté de la communauté. Des associations regrettent de ne pas avoir été consultées. La déclaration est jugée comme "précipitée". "On ne se sent pas en ligne", ajoute un rabbin, interrogé par Europe 1. "Ce n'est pas Jérusalem qui divise, mais la méthode", explique David Chemla, secrétaire du mouvement européen Jcall, qui milite pour la paix.

"Tous les juifs français ne se sentent pas représentés par le Crif. C'est inutile et dangereux. La bonne position que devraient avoir les meilleurs amis d'Israël, comme la France, c'est de pousser pour qu'il y ait une solution. Et dans le cadre de cette solution, reconnaître Jérusalem comme capitale des deux Etats, le jour où il y aura deux Etats". Pour lui, Jérusalem est une des questions les plus sensibles et rien ne sera réglé sans un accord global.

À Jérusalem, la crainte d'une escalade après l'appel à une "nouvelle intifada"

Une escalade de la violence était redoutée dans les territoires palestiniens vendredi, jour de prière hebdomadaire des musulmans, après l'appel du mouvement islamiste Hamas à "une nouvelle intifada", en réponse à la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël.

Les regards se tourneront surtout vers l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-Est, lieu saint autour duquel des troubles éclatent souvent dans les périodes de tensions, après des heurts relativement limités entre Palestiniens et soldats israéliens qui ont déjà fait une vingtaine de blessés dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée où des renforts de l'armée israélienne sont prévus.